À l’origine, un petit cabinet de lecture spécialisé en pièces de théâtre. Simon Lévy, arrivé depuis peu de Lorraine où il était colporteur, le dirige avec son plus jeune fils, Michel. Très vite, celui-ci s’impose comme un éditeur exceptionnel. Il n’a pas vingt ans lorsqu’il publie Théophile Gautier, et il lui faudra peu de temps pour inscrire à son catalogue les noms des plus prestigieux écrivains du siècle : Dumas, Baudelaire, Flaubert, Hugo, Sand, Lamartine, Stendhal, Nerval. C’est encore lui qui, en 1858, révolutionne l’édition en créant une collection « à 1 franc ». Pour la première fois, des livres de qualité deviennent disponibles par leur prix. Tous les auteurs veulent être publiés dans cette série, le succès est immense. Mais Michel Lévy ne se limite pas à la littérature romanesque, il publiera le premier ouvrage de Tocqueville, L’Ancien Régime, bientôt suivi par les œuvres de Guizot et de Sainte-Beuve mais aussi Ernest Renan, à qui il proposera de publier toute son œuvre. Heureuse intuition : la publication de La Vie de Jésus, l’un des grands best-sellers du siècle, en montrera tout le bien-fondé. En 1875, à cinquante-trois ans, il meurt foudroyé par une crise cardiaque et laisse à son frère Calmann une entreprise dont la réputation littéraire est sans faille, et un catalogue où aucun grand auteur ne manque à l’appel. Devenue Calmann-Lévy, la maison ne déroge en rien à son passé et recherche sans cesse de nouveaux talents : en 1879, Anatole France, Pierre Loti et Villiers de l’Isle-Adam rejoignent le catalogue.
À la mort de Calmann en 1891, ses trois fils, Paul, Georges et Gaston prennent tour à tour la direction de la maison.
C’est là que Proust publie son premier livre Les Plaisirs et les Jours, là encore que paraissent les romans et le théâtre de Tristan Bernard ou les poèmes d’Anna de Noailles. Pierre Loti et Anatole France deviendront des auteurs mondialement connus dont la maison aura l’exclusivité. Quant aux étrangers, ils ne sont pas moins bien représentés dans cette première moitié du siècle avec des écrivains tels que Luigi Pirandello, Maxime Gorki, Henry James ou Gabriele d’Annunzio. En 1940, Gaston Calmann-Lévy, alors âgé de soixante-quinze ans, est interné en tant que juif. Ses fils ont rejoint de Gaulle à Londres. Les Allemands désignent une administration et Calmann-Lévy est rebaptisé « Éditions Balzac » pour que paraissent des ouvrages au goût de l’occupant. À la Libération, la maison retrouve son nom et surtout son dynamisme avec la création de nouvelles collections. La collection « Traduit de » révèle Hermann Hesse, Joseph Roth, Elia Kazan, et parmi les romanciers français Calmann-Lévy accueille Romain Gary, Roger Bordier (prix Renaudot 1961), Suzanne Prou (prix Renaudot 1973). Raymond Aron, devenu après la guerre le conseiller de la maison, fonde en 1947 la collection « Liberté de l’esprit », dans laquelle il publie des auteurs liés par une même méfiance à l’égard de toutes les formes d’idéologie et un même goût pour la chose publique. Une collection qui acquiert rapidement une audience internationale avec les propres livres de Raymond Aron, mais aussi ceux de Jules Isaac, Arthur Koestler ou Václav Havel. C’est dans ce même esprit d’indépendance intellectuelle que Roger Errera fonde à son tour la collection « Diaspora », consacrée à l’étude du fait juif dans sa dimension historique, politique, culturelle aussi bien que religieuse. On y retrouve les noms de Hannah Arendt, Léon Poliakov, ou encore Robert Paxton. Notre engagement avec le Mémorial de la Shoah initié en 2005 perpétue cette tradition et rassemble des textes dont la valeur scientifique représente une avancée significative dans la compréhension et la connaissance de la Shoah. Mais le prestige du passé n’a jamais obéré les ambitions du présent. L’évolution récente de la maison ne fait que confirmer ce souci d’ouverture. (Source https://calmann-levy.fr/qui-sommes-nous)
Note : 1993 rachat par Hachette