
Nous connaissons tous George Sand, c’est à dire que nous la connaissons sans la connaitre, comme la figure emblématique qu’elle est devenue au fil du temps : tout à la fois femme amoureuse, amante et mère, libre et indomptable, féministe avant la lettre, engagée politiquement aux cotés des socialistes de son époque, généreuse, donnant sans compter de son temps et de son argent aussi bien de sa personne, aimant le jardinage et à herboriser, amie de Delacroix, de Liszt et de Flaubert, épistolière infatigable et grand-mère à confitures etc. Enfin, et ce n’est pas le moins, nous la connaissons comme écrivain, auteur, entre autres si nombreux ouvrages, de la Mare au Diable, de la petite Fadette et de François le Champi. Mais au-delà de ce bref aperçu, qui déjà compose une riche nature et un portrait de femme peu commun, que savons-nous de ce qu’elle fut réellement, dans toute sa complexité, dans son être sensible et sa relation aux autres ? Nous en savons peut-être peu de choses, mais nous pouvons assurément apprendre beaucoup, ne serait-ce qu’en lisant ses oeuvres autobiographiques, qui de toutes sont les plus passionnantes. Ainsi, commençons par lire Histoire de ma vie, son chef-d’euvre, et un de ces rares livres à emporter sur une île déserte, avec quelques autres classiques. On pourra lire ensuite, avec non moins de plaisir, Un hiver à Majorque, dont Béatrice Didier nous dit dans sa préface : “si modeste que soit ses dimensions et ses ambitions, dans Un hiver à majorque on y retrouve sans peine une triple expérience, fondamentale à toute existence (…) une expérience des hommes dans leur devenir historique, une expérience de la nature, une expérience de soi.” Oui, plus ou mieux qu’un livre, une expérience existencielle partagée. Enfin, pour les amoureux, qui n’en finissent pas de se plaire en sa compagnie, il y a la correspondance, qui est monumentale (24 volumes!), dont on peut trouver un choix abondant en Folio, sous le itre approprié, Lettres d’une vie. Là encore on en finit pas de s’étonner comme de se réjouir devant l’intelligence et la surabondance de vie de cet incroyable petit bout de femme qui, dans La petite Fadette, écrit ceci, qui la révèle toute : “Non, l’art ne saurait me consoler de ce que souffrent aujourd’hui sur la terre la justice et la vérité. L’art vivra bien sans nous. Superbe et immortel comme la poésie, comme la nature, il sourira toujours sur nos ruines. Nous qui traversons ces jours néfastes (écrit en 1848), avant d’être artistes, tâchons d’être hommes; nous avons bien autre chose à déplorer que le silence des muses.” Ajoutons, pour les amateurs de biographies qui aimeraient en savoir plus encore, que celle d’André Maurois, Lélia ou la vie de George Sand, est la seule vraiment indispensable… avec celle de Joseph Barry, George Sand ou le scandale de la liberté.
Clément Magneau
ISBN: 9782080711403
Éditeur: Flammarion
Date de publication: 8-04-2004
Nombre de pages: 602