
Véritable coup de tonnerre littéraire : La Vie sexuelle de Catherine M.révélait le regard singulier que l’auteur portait sur son corps et sur la liberté assumée de sa vie sexuelle. Aujourd’hui, elle raconte son « autre vie », celle où, de manière étrange et imprévue, elle se découvre jalouse. Elle traverse cette crise dans un élan paradoxal de jouissance douloureuse.
Catherine Millet est directrice de la rédaction d’Art Press. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages d’art contemporain. Son récit La Vie sexuelle de Catherine M., traduit en quarante-cinq langues, est également disponible en Points.
ISBN: 9782757813713
Éditeur: Points
Date de publication: 20 août 2008
Nombre de pages: 288
Dans la littérature contemporaine, Catherine Millet appartient à la catégorie des grands peintres de l'âme humaine. Etant entendu que l'âme est l'atelier invisible où se décident nos pensées, comportements, sentiments, émotions, désirs... où se fomentent nos plaisirs, nos angoisses et notre souffrance - et donc qu'elle n'est nullement l'ennemie du corps, de ses humeurs et de ses élans. Ainsi, l'âme est-elle une vaste, charnelle et riche contrée. C'est pourquoi l'écrivain qui veut en restituer quelque chose doit maîtriser l'art de la fresque aussi bien que celui de la miniature. Après avoir considéré de loin les grandes compositions de Catherine Millet, après avoir apprécié leur équilibre et leur harmonie, on peut s'approcher : pas un grain de peau, pas un frisson n'a échappé à son regard, d'autant plus aigu qu'il est impavide et détaché. Il y a sept ans, avec La Vie sexuelle de Catherine M. (Seuil, "Fiction & Cie", puis "Points"), elle montrait une image d'elle-même, dans le plus simple appareil si l'on peut dire, à la fois très intime et impersonnelle, collective, universelle. L'ouvrage fit grand bruit. Sans trop savoir, à tout hasard, on traita l'auteur de sainte et de traînée. On entendit des rires gras et gênés, défensifs, quelques insultes aussi. Mais nul ne put ignorer l'importance, l'audace et la vérité de ce haut fait d'écriture. Et il fallut avoir l'intelligence et l'honnêteté de reconnaître ce que Baudelaire aurait nommé la "terrible moralité" de cette oeuvre. AUTRE PERSPECTIVE Livre douloureux et suffocant, bouleversant et amoureux aussi, Jour de souffrance n'est pas le versant noir de La Vie sexuelle... Il en est le prolongement - inattendu pour le lecteur, obligé pour l'auteur, selon toute vraisemblance. Car l'existence charnelle, dont ce récit inaugural voulait donner un reflet, ne peut se réduire à un système, même s'il en a les apparences. Montrée dans l'"état d'enragement érotique" ou de "sexualité versatile", Catherine M. n'était pas, quoi qu'on en ait dit, une femme-machine dénuée de sentiment, interdite d'émotion. La froide passion de son regard, son esprit de géométrie et sa volonté de mise à distance des événements et des circonstances qui lui advenaient ne la protégeaient pas de la forme la plus ordinaire, la plus douloureuse aussi, du pâtir amoureux : la jalousie. (Patrick Kéchichian- Le Monde des livres - 28/08/2008