
Feu
de : Maria Pourchet« Ironise, c’est mieux, valide maman sous son granit, au moins on sait pourquoi on t’a payé des études. » Feu, Maria Pourchet, p.6
Laure, universitaire et mère de famille de quarante ans, rencontre Clément, banquier désabusé de cinquante ans… Voilà qui ressemble à une situation bien connue de roman d’amour et d’adultère, entre une romance ou une nouvelle Madame Bovary ; et bien non ! Feu est bien plus que cela.
Les choix narratifs de l’autrice sont ambitieux et réussis ! Lorsque Laure parle, c’est à la deuxième personne. Le personnage se regarde vivre, analyse ses actes, livre même les commentaires de ses mère et grand-mère qui la condamnent ou l’encouragent de « sous le granit ». Le lecteur suit donc les pensées de Laure, avec distance et humour, parfois grinçant. Lorsque les chapitres font entendre le point de vue de Clément, c’est à la première personne. Lui aussi subit sa mère, mais celle-ci est réellement violente, toxique et vivante. Clément a pour seul confident son chien, ironiquement prénommé Papa, le seul à savoir à quel point il est parfois difficile d’être un homme… Le feu de la passion, celui des corps, celui qui autorise la sauvagerie, emporte tout… Maria Pourchet nous livre un roman à l’écriture vive, percutant, moderne, sombre et drôle non seulement à propos de la passion mais surtout de la solitude. L’alternance des chapitres souligne parfaitement cette juxtaposition des désirs qui ne peut mener qu’à l’échec dans un monde moderne présenté sans ménagement.
Véronique Fouminet, libraire au Temps Retrouvé
21.80 €
ISBN: 9782213720784
Éditeur: Fayard
Date de publication: 18 août 2021
Nombre de pages: 360