Suite des nouveautés de la rentrée littéraire d’hiver avec encore de belles signatures comme David Foenkinos, Roger Pol Droit, et un très réjouissant conte de Joël Dicker. Coté essais, un inédit de Simone Veil qui nous rappelle combien sa voix est d’importance et le nouvel opus de la collection « Ma nuit au musée » qui est signé par Richard Malka, lequel a choisi de passer « sa » nuit au Panthéon. Un roman sur Descartes dans lequel vous découvrirez pourquoi le philosophe a décidé de partir pour le royaume de Suède, un roman policier ainsi qu’une bande dessinée sur l’histoire du polar et un livre pour la jeunesse qu’une de nos abonnées a aimé et encore d’autres livres pour cette Lettre du mois de mars.

Comme vous le savez Le Temps Retrouvé soutient Tapis Rouge Frans Filmfestival. Ce mois-ci, Tapis Rouge vous propose de découvrir, au cinéma Tuschinski, le 9 avril à 19 heures, en avant-première, l’adaptation du grand roman d’Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, un film de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière avec Pierre Niney dans le rôle titre. C’est un partenariat entre Tapis Rouge Frans Filmfestival, Atout France, Cherry Pickers et Film Inc. Il sera précédé d’une présentation par Pierre-Pascal Bruneau. À l’occasion de cette événement Atout France organise un jeu-concours qui vous permettra peut-être de gagner un weekend pour deux à Marseille pour aller le Château d’if où a été emprisonné Edmond Dantes, deux billets AR en Eurostar vers Paris ou encore le Comte de Monte-Cristo en version Folio.
 

ROMANS

La Très Catastrophique Visite du Zoo, Joël Dicker

Éditions Rosie & Wolfe
Date de parution : 4 mars 2025
ISBN : 9782889730742 , 256 pages

« Nous n’avons pas vraiment eu le temps d’étudier ces questions car à ce moment la mère de Giovanni est entrée dans le salon enfumé : elle s’est mise à crier (…) et elle était aussi fâchée contre nous tous parce qu’on avait mangé  tout le gâteau qu’elle destinait  ‘à des invités’.
Moi j’avais envie de lui faire remarquer à la mère qu’on étaient des invités nous aussi. Et qu’elle n’avait qu’à nous surveiller au lieu de nous laisser avec son serveur de restaurant. Mais j’ai rien dit. On appelle faire profil bas. » p.53

Le Petit Nicolas est de retour ! Ou plutôt, sa réincarnation, en une merveilleuse petite fille qui se nomme Joséphine. Joséphine, comme Nicolas, a des ennuis et ses copains aussi. Ils adorent leur maîtresse. Lorsque leur chère école est inondée, ils ne sont pas d’accord avec les conclusions des grands quant à l’origine accidentelle de l’inondation. Ils ne s’en laissent pas conter et vont mener l’enquête, aidée par un gentil policier et surtout une grand-mère absolument épatante. Un conte pour petits et grands, contre la bêtise et l’intolérance. Une histoire simple (pas autant qu’il y parait) et drôle, très intelligemment construite, séduisante, un coup de maître !
Pierre-Pascal Bruneau

Les animaux lettrés, Muriel Barbery et Nicolas Vial

L’observatoire 
Date de parution : 2 Avril 2025 
ISBN : 9791032929964

« – Mais pour un poète ou un philosophe, combien de chasseurs ?
– Combien d’élevages en batterie ?
– Combien d’abattoirs ?
– Combien de peaux de l’ours vendues ? » p. 96
 
Imaginons que les humains disparaissent, d’un coup, sans explication. Imaginons ensuite que les animaux profitent de la situation pour se réunir et écrire leur propre histoire.  Pas si simple : qui tiendra la plume ? Comment vont-ils se nourrir sans humains ? Quel rapport instaurer entre animaux domestiques et sauvages ? Sans parler de ceux qui, « mal dessinés », ne savent plus vraiment qui ils sont ! Voilà la fable que nous proposent Muriel Barbery et Nicolas Vial. Le texte, vif, malicieux et drôle, est donc ce débat entre les animaux ; chaque page est associée à un magnifique dessin. Nicolas Vial rend ainsi hommage à son père et son grand-père, l’éditeur Henri Vial. Enfant, il dessinait au verso des planches de décoration, et admirait lithographies, peintures d’alphabet et jolies typographies. L’association des deux artistes résulte en un très beau livre, qui, avec humour, interroge aussi bien notre anthropocentrisme que notre rapport au vivant. A lire les yeux grands ouverts !
Véronique Fouminet

Le dernier rêve de René Descartes, Jean-Louis Cianni

Istya & Cie
Date de parution : 9 janvier 2025
ISBN : 9782889442768, 313 pages

Philosophe, journaliste, Jean-Louis Cianni est l’auteur d’un livre sur Socrate et « le soin de soi » et d’un autre sur Ulysse et les enseignements de l’Odyssée, tous deux publiés aux Éditions du Relié. Chez Albin Michel il a publié La philosophie comme remède au chômage et Oui, chacun de nous peut se transformer, avec Arnaud Desjardins.
Son dernier livre est un roman dont les deux héros René Descartes, philosophe, critiqué ou adulé par les intellectuels de son temps et un jeune garçon nommé Thomas Levasseur. Placé chez Descartes par un de ses proches amis, un abbé libertin, Thomas, est particulièrement doué pour les mathématiques que lui enseigne un des disciples du philosophe. Il est décidé qu’il accompagnera Descartes à la Cour de Suède où le philosophe est fortement sollicité par la toute jeune et fantasque Reine Christine qui le réclame avec insistance.
Le roman de Jean-Louis Cianni nous fait découvrir un Descartes loin de l’image empesée et sévère du savant. Il est, certes, brillant, clair et génial, mais il n’en est pas moins homme. L’auteur nous le montre parfois acariâtre et brusque, mais le plus souvent sympathique et drôle. C’est un plaisir de découvrir la vie au quotidien de notre grand homme. Le roman, très bien documenté, est aussi pour l’écrivain philosophe, le moyen de nous enseigner, très habilement, les grands principes de la pensée cartésienne. Enfin, le livre résout le mystère qui plane depuis plusieurs siècles sur les vraies raisons de ce voyage. Pourquoi diable notre philosophe, alors que rien ne l’y obligeait, a-t-il, en 1649, quitté Les Provinces-Unies ? La Hollande, il s’y trouve pourtant bien. Pourquoi dès lors quitter une terre hospitalière au climat, certes un peu rude, mais bien moins que les grands froids et les longues nuits de la Suède ? Vous le saurez en lisant Le dernier rêve de René Descartes. 
Pierre-Pascal Bruneau

Tout le monde aime Clara, David Foenkinos      

Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 6 février 2025
ISBN : 9782073100412, 208 pages
 
Quand arrive un nouveau roman de David Foenkinos, la première question est : alors, quel est le thème, cette fois ? En effet, l’auteur aime explorer différents univers. Comme le titre l’indique, le personnage principal est Clara. C’est une jeune fille de dix-sept ans qui, suite à un accident de voiture, se trouve dans le coma. A son réveil, elle est différente : elle ressent des choses et, surtout, perçoit l’avenir ! En réalité, Clara et son don ne sont pas les thèmes principaux du roman. Certes, David Foenkinos dit s’être renseigné sur le monde de la voyance, mais, c’est aussi un roman sur la puissance de la littérature. L’un des personnages secondaires est un écrivain qui n’écrit plus, anime des ateliers d’écriture sans y croire. Le père de Clara, Alexis, s’est inscrit à cet atelier, pensant dépasser ses angoisses. Finalement, c’est Clara qui atteint vraiment l’écrivain bougon et secret : cette rencontre sera décisive…
David Foenkinos nous livre, encore une fois, un récit très agréable à lire, à l’apparence simple alors qu’il touche de sérieuses questions. On ne peut ignorer les similitudes entre Clara et son auteur : c’est suite à une grave maladie et un long séjour à l’hôpital qu’il a découvert la lecture. Plus qu’un roman étonnant et touchant, voilà un hymne à la littérature, joliment écrit ; sans doute est-ce pour cela que tout le monde aime Foenkinos !
 
Dans les plis du drapeau, Frédéric Casotti

Le Cherche Midi
Date de parution :  9 Janvier 2025 
ISBN : 9782749178202, pages
 
« Et comme tous ceux qui l’avaient vécue, Le Corse savait que rien dans la guerre ne faisait appel à des vertus supérieures. Non, le principe même de la guerre impliquait toujours les instincts les plus bas de l’homme. Le conflit armé, c’était la mort, la violence, la cruauté, l’injustice » p.14
 
Le roman s’ouvre en 1980, dans un tribunal, un homme attend la sentence : ce sera vingt ans de réclusion. Pourquoi ? Il faut pour comprendre remonter l’histoire, qui s’inscrit dans l’Histoire. Le personnage essentiel est Antoine Ettori, jeune homme corse engagé d’abord dans le maquis, puis dans l’armée et envoyé en Algérie. On connait les événements de cette guerre qui ne fut, longtemps, que « des événements ». Devenu sous-lieutenant, Antoine se met au service du fameux « quarteron de généraux à la retraite ». Puis, il rejoint l’OAS.
Nous voilà en 1978, le docteur Rober Féblart est retrouvé violemment assassiné dans son cabinet. Il a, lui aussi, des liens avec l’Algérie…
Frédéric Casotti noue et dénoue les fils de la narration, jouant avec brio avec la chronologie, et embarque le lecteur dans un roman historico-politico-policier ! Dans un style fluide et élégant, l’auteur décrit aussi bien les paysages qu’il analyse les personnages. Le lecteur se voit plongé dans la France de cette époque et comprend combien ce conflit, qui a encore des répercussions actuellement, a marqué les deux pays. Un très bon premier roman !
Véronique Fouminet

Alice au pays des idées, Roger-Pol Droit

Albin Michel 
Date de parution : 29 Janvier 2025 
ISBN : 9782226481177, 448 pages

« – J’espère ne pas vous déranger. Vos idées sont la cause de ma visite. Je me demande comment vivre, quoi faire de ma liberté, et j’ai entendu dire que vous pouviez m’aider…
Spinoza regarde Alice attentivement. Il a l’air de se demander si c’est une plaisanterie. (…)
– Ce ne sont pas deux choses différentes ? Vous voulez bine dire « Je me demande comment vivre, c’est-à-dire quoi faire de ma liberté ? »
– Exactement
– C’est bien ce que je craignais… » p. 308
 
Alice est une jeune fille de notre époque, elle s’inquiète pour son avenir et celui de la planète ; elle cherche une belle pensée à tatouer sur son bras… elle doit faire une dissertation de philosophie. Et, décidément, cela est difficile ! Alors, elle rêve, se laisse aller, et, tout comme Alice, la voilà « ailleurs ». Surgissent deux souris, une folle, l’autre sage qui entendent tout ce qu’elle pense et savent tout du monde des idées ! Bien sûr, elles lui présentent la Fée, la Fée Objection, qui est la seule limite à la liberté de penser. En cas de doute, il faut revenir aux références ; il suffit d’appeler le célèbre Izgourpa, kangourou qui a « toutes les fiches » dans sa poche. Le charme, l’humour et l’érudition de la plume de Roger-Pol Droit font le reste. Le lecteur a plaisir à accompagner la jeune Alice à la rencontre des pensées du monde, à travers le temps, depuis Socrate jusqu’à Freud et tous les « -ismes ». Le spécialiste qu’est l’auteur nous propose ici une joyeuse promenade et le ton (faussement) léger ainsi que les extraits du « Journal d’Alice » permettent au lecteur de réviser, apprendre, approfondir sans même s’en rendre compte !
Véronique Fouminet

ESSAIS

Pour les générations futures, Simone veil

Albin Michel
Date de parution : 28 août 2024
ISBN : 9782226489883, 150 pages

 » (…) les débats de 1954 sur la CED étaient très passionnels (…) un jour chez des cousins j’ai défendu la CED face à des invités :
‘Ce serait vraiment malheureux de ne pas l’accepter, c’est la seule façon de souder les choses entre nous et d’avoir la défense dont nous avons besoin.’  » p.37

Albin Michel a publié, l’été passé, un texte inédit de Simone Veil. Il s’agit du texte d’un discours qu’elle a prononcé en 2005 à l’École Normale supérieure. Elle y évoque, sans aucun pathos, sa déportation et celle de sa famille, tant dans une préoccupation du maintien de la mémoire que pour en tirer un enseignement aux jeunes générations. Rappelant le sort des enfants juifs cachés, sauvés par des « Justes » français de tous horizons, elle souligne que la France n’a pas été, pendant ces années troubles, que celle de Pétain et de la Collaboration.
Pour Simone Veil, l’heure est depuis longtemps à la réconciliation. Elle délivre ainsi un message clair et fort en faveur de l’Europe et de l’unité au delà des frontières et des croyances religieuses. À cet égard, on est frappé par son réalisme politique. En page 37 (voir la citation ci-dessus), elle rappelle, et on réalise combien ce message prend de l’importance dans le contexte actuel, la nécessité pour l’Europe de se doter d’une défense commune. Proposition pour la première fois énoncée par Winston Churchill en 1950, le traité de la CED (Communauté Européenne de Défense) dont parle Simone Veil, envisageait, dès 1952, la création d’une armée européenne, avec des institutions supranationales. Mais le traité de la CED, bien que signé par les six États (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas )qui constituaient à l’époque la CECA, ancêtre de l’Union Européenne, ne sera pourtant pas ratifié par le parlement français, en raison notamment du rôle trop important de l’Otan et du poids des États Unis dans l’organisation de l’Atlantique Nord. Il semble que l’Histoire donne aujourd’hui raison à Simone Veil.
Pierre-Pascal Bruneau

Après Dieu, Richard Malka

Stock, Collection Ma Nuit Au Musée 
Date de parution : 8 Janvier 2025 
ISBN : 9782234097230, 208 pages

« Il est temps, pour les croyants qui n’auraient pas fait ce chemin, de participer à l’aventure de la libération des esprits. La soumission est un pacte avec le diable ? (…) Il suffit qu’un peuple décide d’être libre pour le devenir et le rester. Il suffit de quelques esprits rebelles, comme celui de Voltaire, pour changer le monde. »
p. 207
 
L’excellente collection Ma nuit au musée nous propose une nuit avec Richard Malka. Le célèbre avocat de Charlie Hebdo choisit le Panthéon. Pourquoi le Panthéon ? Pour s’entretenir avec Voltaire ! L’auteur rappelle d’abord l’histoire de ce lieu de culte, réaffecté en symbole républicain par la Révolution. Il peut alors apostropher Voltaire, vrai maître à penser, l’appeler pour nous aider à réfléchir, lui qui a tant combattu le religieux. Richard Malka reconnait aussi tout ce qu’il doit à la pensée de Robert Badinter. Et c’est fort de ces deux piliers qu’il revient sur nos drames contemporains et cherche à trouver par quelle transcendance remplacer la tromperie du religieux, des fanatismes et du « prêt à penser ». Avec des analyses fines et une utilisation précise du vocabulaire, il débusque sans relâche les impostures et nous invitent à poursuivre la lutte contre l’obscurantisme au nom de la liberté et de la laïcité. Même si tinte parfois une note de pessimisme, le lecteur entend la voix de l’orateur et imagine son sourire, digne de celui de Voltaire. A lire et à offrir !
Véronique Fouminet

Le masque de Hegel, Thomas Hunkeler


SEUIL  Fiction Et Cie  24 Janvier 2025 
ISBN : 9782021569124, 132 pages

« Si André Breton, bien plus qu’Éluard, tient dès 1929 à accorder une place de choix au masque de Hegel, s’il le sélectionne à nouveau, trente ans plus tard, afin de le faire figurer dans son essai Phénix du masque, c’est que la figure et l’œuvre du philosophe allemand n’ont jamais, toutes ces années, cessé de l’intriguer ; j’ai même envie de parler à son propos d’une obsession qui trouve son emblème dans le prétendu masque mortuaire du philosophe. » p.80

« Un masque mortuaire dit sans doute plus de ceux qui le regardent, voire qui le possèdent, que de celui qui y est représenté. Se lancer dans une enquête autour d’un tel masque ne serait alors qu’une autre façon de reconnaître l’empreinte que la mort laisse sur nos vies. » p. 113
 
Thomas Hunkeler, professeur de littérature à l’université de Fribourg, et critique littéraire, propose une enquête à la fois intéressante et surprenante. Il s’interroge sur l’authenticité du célèbre masque mortuaire de Hegel : quand aurait-il été réalisé ? par qui ? avons-nous des sources fiables ? qui l’a acheté, pourquoi ? Très vite, il s’avère que ce masque est un faux créé par un certain Antonopulo. Mais, peu importe ; ce qui est passionnant, c’est la fascination pour les masques en général et celui-ci en particulier qui s’est exercée sur les surréalistes, et surtout, les premiers d’entre eux, Breton et Eluard. Cela permet aussi d’expliquer la place essentielle donnée par Breton à la pensée de Hegel au cours de l’histoire même du surréalisme. En poursuivant les indices dans leurs œuvres, leur correspondance, leurs vies, Thomas Hunkeler relate l’histoire à la fois de la pratique et de la collection des masques. On apprend ainsi que, même après leur brouille définitive, Breton avait gardé, en bonne place dans son atelier, le masque d’Eluard. Il ne reste, croit-on, que peu de cet engouement pour les masques mortuaires auxquels notre époque préfère les photographies de souvenirs heureux. Cependant, la collection de Marbach continue de s’étoffer… Un court essai instructif et facile à lire, qui pose de nombreuses questions sur notre rapport à l’image, en particulier la représentation, artistique ou non, du visage.
Véronique Fouminet

Romans Policiers, sortie en poche

Les malvenus, Audrey Brière

Points,  Points Policier
Date de parution :   7 Février 2025 
ISBN : 9791041412839

« – Je suis un bon policier.
– Ah mais, mon jeune ami, cela n’a pas grand-chose à voir ! Moi-même je suis en passe de révolutionner la police en travaillant main dans la main avec la science et voyez comme on me traite ! On me parque dans des combles ! Enfin, ça évite aux raseurs de venir nous importuner trop souvent, c’est toujours cela de gagné.
Le fameux Locard s’était exclamé mais ne paraissait pas prendre ombrage de sa situation.
– C’est de la politique, mon cher. Rien que de la politique. Vous êtes brillant, mais vos idées et vos avis fâchent le maître, eh bine vous dégagez et voilà.
Il se leva et contourna son bureau pour venir serrer la main de Matthias.
– Bienvenue dans le service anthropologique de la police lyonnaise, inspecteur. »
p. 150

Le prologue nous plonge en 1881, un matin d’hiver, dans un bois, en Bourgogne. Le comte de Maison-Rouge découvre un nourrisson. Il le confie aux bons soins du couvent des Ursulines, sœur Marie lui donne un nom, Matthias Lavau. Nous voilà, aussitôt, en 1917 ; le village s’éveille à peine… Mélanie Gauthier découvre un cadavre dans sa cave ! Ce cadavre n’est autre que Thomas Sorel, scélérat détesté de tout le village. Il faut cependant mener l’enquête, et, l’inspecteur est Matthias Lavau, secondé par son assistante, Esther. Mais, nous sommes en 1917, cela signifie que, en plus du mystère à résoudre, la police scientifique en est à ses balbutiements. De fausses pistes en intuitions, Matthias et Esther remontent les fils de décennies de passions et de secrets qui se sont tressés dans ce petit village. Le talent de Audrey Brière est de mêler avec brio les éléments du roman historique et ceux du roman policier. Le lecteur est happé par l’intrigue qui avance de rebondissements en surprises et par l’écriture. L’autrice passe des descriptions presque poétiques de la nature à la brutalité de certaines scènes de violence et à l’efficacité des dialogues parfois mordants, pour le plus grand plaisir du lecteur. Un premier roman, une réussite… une autrice à suivre !
Véronique Fouminet

Bandes dessinées

Histoire du polar, Sandrine Kerion et Claire Caland

Les Humanoïdes Associés 
Date de parution : 5 Mars 2025 
ISBN : 9782731682250
 
Autrefois genre mineur, le polar a, depuis longtemps, gagné ses lettres de noblesse, preuves en sont les festivals et études qui lui sont consacrés. Cette fois, l’art du crime est abordé en bande dessinée, ou plutôt dans un excellent documentaire graphique. Le texte de Claire Caland, spécialiste du genre, est à la fois riche et léger. L’approche historique permet au lecteur soit de suivre l’évolution depuis l’antiquité, soit de gambader selon ses goûts. Chacun des vingt et un chapitres s’attèle à un thème, sérieusement contextualisé afin d’expliquer l’art de raconter une enquête. Le choix de la mise en page et la ligne claire de Sandrine Kerion illustrent sobrement et efficacement le propos. Le lecteur (re)découvre les figures emblématiques du genre mais aussi l’importance du contexte historique et social dans son évolution. La réussite des autrices a été de donner une foule d’informations en ajoutant des détails ludiques et amusants. Un régal pour les amoureux du genre, une mine pour ceux qui, certainement, sauront alors comment le découvrir.
Véronique Fouminet

Il déserte, Antoine de Caunes et Xavier Coste

Dargaud
Date de parution : 28 mars 2025
ISBN : 978220521280, 208 pages

1962. Antoine, 8 ans, voit son père – Georges de Caunes – tout quitter et partir sur une île déserte, Eiao, située à mille lieues du premier être humain, pour y tenir une chronique quotidienne sur la vie d’un Robinson moderne. 2025. Antoine de Caunes, 71 ans, se rappelle son choc d’enfance et s’inspire des chroniques diffusées par son père et du journal intime que tenait alors ce dernier pour nous raconter une aventure hors du commun. Un récit intime qui mêle émotion, humour et réflexion sur les rapports père-fils. (Note de l’éditeur)

Nos abonnés ont lu pour vous
Livre jeunesse
On ne dit pas sayonara, Antonio Carmona (9 à 13 ans)

Gallimard Jeunesse
Folio Junior N° 1988
Date de parution : le 9 janvier 2025 
ISBN : 9782075219112, 224 page

Votre ado ne jure que par les mangas et vous vous arrachez les cheveux à essayer de lui faire lire autre chose ? Glissez entre ses mains On ne dit pas sayonara d’Antonio Carmona (Folio Junior). Après la mort de sa mère d’origine japonaise, Elise, la jeune héroïne, se retrouve seule avec son père. Celui-ci, pour camoufler son chagrin et éviter de se laisser submerger, impose une omerta sur tout ce qui concerne sa femme décédée. Comment Elise pourra-t-elle construire son identité, entre les cultures française et japonaise ? Parviendra-t-elle à faire le deuil de sa mère et à retrouver la joie ? Toutes ces questions tourmentent la jeune fille, jusqu’à l’arrivée inattendue de sa grand-mère maternelle. Ce roman fin et sensible aborde de manière délicate la question de la perte d’un parent, mais aussi celle des valeurs qu’un parent transmet à ses enfants. On y découvre également des aspects méconnus de la culture japonaise. En bref, de quoi (re)donner l’envie de lire à nos enfants.
Mariane Zingraff