La Lettre de septembre 2024, la rentrée littéraire 
Le 9 septembre 2024 | 0 Commentaires

Très belle rentrée littéraire, cette année, riche et variée, avec des livres d’auteurs que vous connaissez bien, comme Maylis de Kerangal, Kamel Daoud, Amélie Nothomb bien sûr, Camille Pascal, Philippe Jaenada, Sandrine Colette, Yann Quéffelec ou de jeunes auteurs comme Gaël Faye ou Abel Quentin, célébrés pour leurs premiers romans. Mais vous découvrirez aussi les livres de jeunes auteurs pas encore très connus mais qui ne devraient pas tarder à l’être.
Nous avons, cette année, grâce à nos chers éditeurs, reçu par avance beaucoup d’épreuves des romans de la rentrée littéraire. Parmi la masse, imposante, de livres de la rentrée littéraire, nous avons fait pour vous une première belle moisson.
Découvrez nos premiers coups de cœur. Nous continuerons, dans notre prochaine lettre, fin septembre, à vous faire découvrir les réussites de cette belle rentrée littéraire.

Romans
Jour de ressac, Maylis de Kerangal


Éditions Verticales
Date de parution : 15 août 2024
ISBN : 9782073054975, 256 pages

« Il était midi quand je suis montée sur la digue – je voulais faire moi aussi la promenade du phare. Un halo d’humidité flottait sur la jetée, qui s’est évanoui dès que je me suis approchée, la barre devenant alors très réelle, tendue, et rehaussée côté mer d’un muret de béton tel un rab de rempart, si bien que j’entendais les vagues cogner contre la muraille, le boucan du ressac, mais je ne voyais rien. Au loin, le phare projetait son désœuvrement sur l’avant-port, flou et solitaire, résigné à attendre le soir pour émettre sa signature lumineuse : un éclat rouge toutes les cinq secondes visible à vingt et milles nautiques. Le battement cardiaque de la nuit polaire. » p. 105

Le roman s’ouvre sur un déroutant appel téléphonique : un policier convoque la narratrice, pour une affaire la concernant, au commissariat du Havre. Voilà qui a de quoi la surprendre ! D’autant plus qu’elle a quitté la ville de son enfance depuis bien longtemps. Cependant, elle n’a pas le choix et se rend donc au Havre, dès le lendemain, laissant là mari et fille. A-t-on ouvert un roman policier ? Oui… et non ! Certes, un cadavre a été découvert et le crime doit être élucidé, mais le lecteur suit surtout les pensées et les rencontres de la narratrice, qui semble être un double de l’autrice. Dans une narration à la première personne, où les temporalités s’entremêlent, le lecteur découvre la ville au gré des émotions et des déplacements. Un détail du présent suffit à faire surgir son double d’autrefois et l’enquête se transforme en exploration du passé de la ville et de la narratrice. L’autrice fait entendre les émotions, les troubles de son personnage, grâce à son style remarquable, parfois proche de la prose poétique. Toujours attentive à la voix, elle sait transcrire les rythmes et les intonations de chacun. La précision du vocabulaire vient soutenir les images étonnantes et les associations d’idées parfois surprenantes dans des descriptions remarquables.
Quel bonheur de retrouver Maylis de Kerangal !
Véronique Fouminet

La nuit de David, Abigail Assor


Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 22 août 2024
ISBN : 9782073074263, 192 pages

« Ce que je voudrais dire, puisque vous êtes là, puisque vous avez bien voulu écouter cette histoire, c’est que j’ai agi à dix ans en connaissance de cause. J’étais d’accord avec ce que nous allions faire. C’était notre vraie langue, la langue Barbapapa, notre langue immémoriale. J’avais reçu le message cinq sur cinq. » p.157

La nuit de David, c’est l’histoire de deux jumeaux, un frère et une sœur. David est instable et turbulent. Il vit dans son monde, mord parfois, crie souvent et se rebelle, frustré de ne pas être entendu, compris. Olivia, sa sœur, Olive pour David, le protège et se fait un rempart contre la société qui le considère comme fou. Mais qui est vraiment fou ? Est-ce que tout ce qui ne cadre pas avec la norme relève nécessairement de la folie ? Le comportement de David ne traduit-il pas une rébellion légitime contre des choses inacceptables pour un enfant ?
Seule donc sa soeur le comprend. Les jumeaux s’inventent un langage, qu’ils sont seuls à comprendre. Ce langage est inspiré des personnages de Barbapapa (Hup, hup, hup,  Barbatruc !) créés par Annette Tison et Talus Taylor. David adore tellement les trains que sa passion le mène a s’y identifier ; il est une locomotive ou il le deviendra, il en a la certitude. Seule Olive le croit comme la Wendy du Peter Pan de J. M. Barrie qui croit à l’existence du Boy Who Wouldn’t Grow Up.
La mère a une préférence marquée pour sa fille, qui est belle, douce et raisonnable. Elle est, en revanche, en conflit quasi permanent avec son fils, qu’elle ne comprend pas et qui l’exaspère. Dès les premières années s’installe entre la mère et le fils un rapport de force qui laisse peu de place à la tendresse. Même si elle l’aime, la mère a peur pour, et peut-être de, son fils, et ne sait pas comment gérer son comportement asocial. Pourtant, quand il se trouve seul avec Olive, David est calme et disert.
Et puis la nuit fatidique arrive et olive tient parole.
Un roman extrêmement touchant sur l’enfance, un monde merveilleux, avec son langage propre, un monde qui évolue selon des règles précises et strictes que les adultes parviennent difficilement à comprendre.
Pierre-Pascal Bruneau

Madelaine avant l’aube, Sandrine Collette


JC Lattès
Date de parution : 21 août 2024
ISBN : 9782709674539, 252 pages

« Je connais bien son profil buté, ses yeux qui se froncent, l’éclat de ses pupilles. C’est ce que j’aime en elle, son entièreté, sa façon d’ouvrir des brèches. (…) Je le sais, ce sont les femmes qui se révoltent. Dans tous mes souvenirs depuis que je suis ici, seules les femmes ont parfois levé la voix, ont levé une fourche ou un bâton pour défendre la simple possibilité de vivre. Elles sont prêtes à donner leur sang pour leurs enfants. Les hommes, eux, se plient. Ils s’habituent à tout. Ils ne veulent pas mourir. » p. 103
 
Sandrine Collette, dont on avait beaucoup aimé On était des loups, plonge le lecteur dans la vie rude, soumise au rythme saisonnier, dans un hameau, Les Montées, qui semble hors du temps et hors du monde ; peu importe, en fait, où et quand. Dans une lande isolée, des familles survivent. La vie s’organise, sans joie véritable, les gestes ancestraux se transmettent, puis… surgit une fillette ! D’où vient-elle ? qui est-elle ? Nul ne le sait, mais elle est affamée, silencieuse, sauvage et méfiante. Madelaine est finalement adoptée, elle comblera le manque d’enfant de la belle Ambre. Nourrie, la petite fille s’adapte, redevient une enfant, parle et participe aux corvées autant qu’aux jeux. Elle semble redonner vie à ces familles. Cependant, au fil des jours, il reste dans certains gestes, dans certains regards, une flamme qui n’est pas celle de ces gens résignés. Le lecteur s’attache à Madeleine, tout en redoutant l’avenir. Puis, survient l’événement qui fait éclater l’équilibre…
Fidèle à son écriture si particulière, Sandrine Collette sait dire la moindre émotion, la plus intime pensée, traquer le sentiment caché, montrer la nature. L’autrice joue avec les rythmes, les voix narratives, la ponctuation, mêle images poétiques et phrases rudes, bref, le lecteur est happé, emporté par le récit. D’abord touché par les personnages, c’est l’ode aux liens familiaux mais aussi à la révolte face à l’injustice qui ravit le lecteur. Une vraie réussite !
Véronique Fouminet

Houris, Kamel Daoud

Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 15 août 2024
ISBN : 9782072999994, 416 pages

« Je suis écrivain et algérien, pas un écrivain algérien » Kamel Daoud

« Je suis la véritable trace, le plus solide des indices attestant de tout ce que nous avons vécu en dix ans en Algérie. Je cache l’histoire d’une guerre entière, inscrite sur ma peau depuis que je suis enfant. » 

Pendant la Décennie Noire, Aube, qui vit dans un village en Algérie, est égorgée alors qu’elle n’est encore qu’une enfant. Sa sœur et ses parents sont assassinés sous ses yeux. Elle survit miraculeusement, grâce à l’intervention d’une femme qui l’adoptera, mais elle ne peut pratiquement plus parler, ses cordes vocales ayant été sectionnées. Le roman se situe bien des années plus tard. Aube est enceinte et, dès les premiers jours, parle à son enfant. Elle peut, enfin, dire l’indicible et exprimer sa révolte.
Kamel Daoud décrit un monde musulman terriblement dur, sans place, ou si peu, ni espoir, pour les femmes. La Décennie Noire, comme cela a été le cas en France pour ce que l’on a longtemps appelé « les événements d’Algérie », pour ne pas dire qu’il s’agissait d’une guerre, est aujourd’hui volontairement tue et ignorée en Algérie. Ce souvenir est encore très douloureux. Or Aube, avec sa voix étranglée et son atroce cicatrice, est un rappel permanent et vivant des horreurs perpétrées dans ces années là. Un difficile combat pour une femme qui n’a de cesse d’exprimer sa volonté d’être libre dans un monde où le patriarcat le plus violent domine. Parler à son enfant lui permet de dire sa révolte. Mais Aube est confrontée à un impossible dilemme : faut-il mettre cet enfant (c’est une fille) au monde ou doit-elle avorter ? Aube a-t-elle le droit de faire naître son enfant dans un tel monde et le condamner à l’ostracisme des hommes et d’une société qui ne veut pas d’elle ?
Kamel Daoud déplore que tout ce qui rappelle cette période terrible, qui est la période dans laquelle il a grandi, soit banni. Une loi a même été promulguée, la « loi de l’oubli », pour qu’il soit interdit d’en parler. Au contraire de la guerre civile, nous dit l’auteur, la guerre d’indépendance contre la France est en revanche magnifiée et glorifiée. Un livre fort, qui dit haut ce que beaucoup pensent tout bas.
Pierre-Pascal Bruneau

Jacaranda, Gaël Faye         

Grasset
Date de parution : 14 août 2024
ISBN : 9782246831457, 288 pages

« – Je ne suis pas vexé. Je dis simplement que je suis métis.
– Quoi ?
– Je suis métis.
– Ah oui, métis… Oublie ça. T’es un muzungu. Blanc comme neige, c’est tout. Métis, ça n’existe pas. » p. 58

Enfin ! Enfin, un nouveau roman de Gaël Faye ! Depuis le succès de Petit Pays, Prix Goncourt des lycéens en 2016, nous étions nombreux à l’attendre… nous ne sommes pas déçus ! Jacaranda, ou flamboyant bleu, est le nom d’un arbre au délicat et magnifique feuillage mauve ; c’est le titre de ce nouveau roman. Cette fois, le personnage principal, Milan, vit en France et découvre, à douze ans, son pays à travers les images effarantes du génocide au Rwanda, pays de sa mère, dure et taciturne. Celle-ci l’emmène cependant pour un premier voyage à la rencontre de son autre famille. A dix-sept ans, il décide de partir seul au Rwanda. Le lecteur suit avec plaisir le jeune homme dans cette découverte d’un pays dont il ignore tout mais qui participe à son identité. Au cours de ses allers-retours entre ses deux pays, le personnage, et le lecteur, découvrent l’histoire du Rwanda, malgré les nombreux silences qui pèsent sur le passé. L’auteur a l’intelligence de la présenter à travers plusieurs générations et diverses réalités sociales. Le lecteur s’attache à chaque personnage, dont l’auteur dévoile avec brio la complexité, le destin si particulier. La grande réussite de Gaël Faye est sans doute dans le choix de ces personnages qui, chacun à sa façon, incarnent la réalité d’une guerre civile : de la victime au soldat, chacun cherche à se reconstruire. Au centre, se tient Eusébie, l’amie de sa mère, qui connait le passé mais s’inscrit résolument dans l’avenir. Forte et déterminée, elle laisse aussi place à l’émotion. La terrible réalité historique est toujours abordée avec pudeur et justesse.
Gaël Faye n’a rien perdu de sa délicatesse ni de sa lucidité et offre un beau roman, empli d’amitié et de tendresse, qui interroge la réconciliation autant que l’identité
Véronique Fouminet

L’impossible retour, Amélie Nothomb

Albin Michel
Date de parution : 21 août 2024
ISBN : 9782226495945,162 pages 

« Comme prévu au sortir du musée elle explose :
– Je déteste leur règle idiote ! Et toi, pourquoi ne m’as-tu pas défendue ? Pourquoi n’as-tu pas dit à ce type que je chuchotais et que je ne parlais pas ?
– Parce que cela n’aurait servi à rien. Les Japonais sont hyper-formalistes. Pour eux chuchoter c’est parler. Le règlement, c’est le règlement. »
p.86

Amélie Nothomb retourne au Japon, après une longue absence, en compagnie de Pep Beni, une amie photographe. Ce retour est difficile et ne lui apporte pas le plaisir tant attendu. Sa compagne de voyage ne contribue du reste pas beaucoup à la réussite de ce retour. Face à Pep, qui ignore tout du Japon et de sa culture, l’autrice fait preuve d’une patience d’ange alors que son amitié est mise à rude épreuve.
C’est une Amélie Nothomb un peu triste et nostalgique, sans son entrain légendaire que l’on retrouve dans ce nouveau livre. Heureusement, son humour, espiègle, n’est jamais bien loin. Souvent, après de beaux passages sensibles, parfois tristes, la drôlerie surgit pour le plus grand plaisir du lecteur. L’histoire rebondit après ces parenthèses. Elle reprend son cours, mais empreinte de beaucoup de nostalgie. Cette nostalgie, Amélie Nothomb nous dit que c’était la « vertu cardinale de son père », dont elle a « hérité à cent pour cent » (page 61).
Ce qui fait en grande partie l’attrait et la qualité de ce récit, c’est l’omniprésence de son père. Patrick Nothomb, grand diplomate belge, est mort en mars 2020, à 83 ans, d’une rupture d’anévrisme. Il parlait couramment le japonais et était un des très rares occidentaux capable de chanter le Nô. Ce père, comme un spectre bienveillant, plane au-dessus de tout le livre. Sa présence est palpable et accompagne la narratrice d’un bout à l’autre de son voyage. À nouveau un bel hommage, après le magnifique Premier sang, qui lui est rendu par sa fille.
D’un registre nouveau pour Amélie Nothomb, L’impossible retour m’a séduit et charmé mais il déroutera peut-être certains,
Pierre-Pascal Bruneau 

Conque, Perrine Tripier

Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 22 août 2024
ISBN : 9782073056863, 208 pages

 » Comprenez-vous, il faut que l’histoire de ce nouveau champ de fouilles puisse résonner dans le coeur des gens. Je crois que nous avons trouvé les Morgondes. » p.19

Quel peuple était vraiment les Morgondes ? Ce peuple guerrier de marins courageux, de conquérants, vanté par les bardes et les conteurs a-t-il vraiment existé? L’empereur, dictateur mégalomane et cruel, souhaite magnifier son image, et accroitre (ou retrouver) sa popularité. La découverte récente de vestiges très probablement liés à la civilisation disparue des Morgondes va peut-être permettre de réécrire le roman national. Montrer que l’on descend d’illustres guerriers, pères de la nation, quoi de mieux pour redorer un blason ? L’empereur confie donc à Martabée, une professeure d’université réputée et reconnue, la mission de diriger l’équipe d’archéologues chargée des fouilles du site Morgonde. Dans un premier temps, les fouilles mettent au jour une civilisation glorieuse et guerrière. Mais, jusqu’à la découverte d’une mystérieuse et gigantesque coupole, les vestiges ne révèlent aucune présence féminine. Quels secrets la coupole enferme-t-elle ? Et si ce qui s’y trouve donnait une image des héros Morgondes tout autre que celle chantée par les bardes et la légende populaire? La découverte est terrible, effroyable. L’empereur ne veut pas qu’elle soit divulguée pour ne pas détruire l’image épique des Morgondes. Que doit faire l’universitaire face aux injonctions de l’empereur ?
Conque est un conte merveilleux, terrible et glaçant, comme le sont certains contes du Grand Nord. Perrine Tripier, jeune professeure de lettres, dont le premier livre a reçu le prix de l’École Normale, a trouvé le ton juste des grands contes universels. Cette histoire, une fois le livre refermé, hantera votre mémoire pour longtemps.
Pierre-Pascal Bruneau

Cabane, Abel Quentin

Les éditions de l’Observatoire
Date de parution : 21 août 2024
ISBN : 9791032925430, 478 pages

« C’était le bien précieux qu’il rapporterait d’Amérique. Cette ambition désinhibée, et le goût de l’argent. Quérillot le sentait : pour s’épanouir vraiment, son désir avait besoin de l’argent. Il voulait mettre l’argent entre le monde et lui, pour ne choisir du monde que le meilleur, le plus exquis, le plus amusant. » p.160

Le Club de Rome est une association apolitique qui rassemble des scientifiques, des humanistes, des économistes, des professeurs, des fonctionnaires nationaux et internationaux ainsi que des industriels de cinquante trois pays. En 1972 le Club de Rome publie un rapport qui fera date : Les Limites à la croissance (dans un monde fini) (The Limits to Growth), principalement rédigé par un couple de chercheurs, Donella et Dennis Meadows. Ce rapport sera connu sous le nom de Rapport Meadows.
Abel Quentin (Albéric de Gayardon de son vrai nom) est avocat et l’auteur d’un premier brillant roman, Le Voyant d’Étampes (Éditions de l’Observatoire, 2021). Avec Cabane, il s’inspire librement du Rapport Meadows et de son devenir. Il imagine l’histoire de quatre scientifiques qui rédigent un rapport, dit Rapport 21, qui dénonce, comme le rapport du Club de Rome, les méfaits d’une croissance sans limite. Ce rapport bouleversera la vie des quatre jeunes chercheurs.  
Comme pour celui du Club de Rome, le Rapport  21, est rédigé à l’initiative d’une organisation mondiale apolitique (imaginaire), le Club Transatlantique, et a pour objet d’ « analyser les causes et les conséquences de à long terme de la croissance sur la démographie et sur l’économie mondiale ». Le club confie la rédaction du rapport au professeur Stoddard, de l’université de Berkley, la « Harvard de l’Ouest ». Le professeur est l’inventeur d’un langage informatique révolutionnaire. Pour l’aider dans sa tâche, il choisit quatre jeunes scientifiques : Mildred et Eugene Dundee, un couple de chercheurs américains, Paul Quérillot, un jeune français, un très ambitieux doctorant en économie, et Johannes Gudsonn, un étrange, et génial, jeune mathématicien norvégien. Le rapport est rédigé avec l’aide d’un gigantesque ordinateur, un IBM 360, dit « Gros Bébé », capable de modéliser une quantité astronomique de données. Après quelques années de travail acharné les conclusions du rapport sont implacables : même en prenant en compte toutes sortes de crises financières et de catastrophes naturelles, la croissance industrielle actuelle, conjuguée à une démographie sans frein, ne peut aboutir, à un horizon proche, c’est à dire vers 2050-2060, qu’à un effondrement de notre monde, voire à sa destruction et à sa disparition.
La qualité du récit de l’auteur, et notamment la précision des développements scientifiques, qui sont clairs et sans jargon incompréhensible, rendent l’histoire, et la fin probable de notre monde, tout à fait crédibles. Les quatre auteurs du rapport vivent très différemment le choc de sa publication. Le couple Dundee tente, sans succès, de convaincre les décideurs politiques du monde entier que, faute de changer radicalement nos trajectoires, la catastrophe est inévitable. Leurs travaux sont pourtant couronnés par le Nobel d’économie. Le français Paul Quérillot, renie ses propres travaux pour l’argent en acceptant de travailler pour ces grands groupes que le rapport dénonce comme premiers responsables de la catastrophe prochaine. L’étrange Johannes Gudsonn choisit un tout autre chemin.
Ceux qui aiment ce genre de dystopie dévoreront Cabane de bout en bout sans pouvoir s’arrêter.
Pierre-pascal Bruneau

Malville, Emmanuel Ruben

Éditions Stock, La Bleue
Date de parution :  21 août 2024
ISBN : 9782234095915, 272 pages

« Mon père ne parlait jamais de son boulot. Il disait la centrale, comme s’il n’y en avait qu’une seule au monde, comme si c’était le nombril du monde. Et de fait c’était le nombril de notre monde. »

Autre brillante dystopie; Emmanuel Ruben, avec Malville, s’inspire, en y rendant hommage, du célèbre livre de science-fiction de Robert Merle (Malvil, Gallimard, Collection Blanche, 1972), qui raconte comment, après que le monde a été détruit par une catastrophe nucléaire, un groupe de survivants miraculés bâtit une nouvelle société sur des fondements archaïques.
2036, la France est gouvernée par l’extrême droite. Une catastrophe nucléaire, d’une ampleur que l’humanité n’a encore jamais connue survient. Le narrateur (le Samuel Vidouble que nous retrouvons avec plaisir), confiné dans une cave, se remémore son enfance et son adolescence vécues, dans les années 1980, à l’ombre de l’immense centrale nucléaire de Malville, en France. Cette centrale, pour laquelle son père travaillera toute sa vie, est plantée au bord du Rhône, un fleuve qui tient une grande place dans l’histoire de Samuel.
Roman d’apprentissage, c’est un autre hommage littéraire, fait cette fois au Tom Sawyer de Mark Twain. Samuel est fasciné par Thomas, (cousin français de Huckleberry Finn donc), garçon sauvage sans attache et par Astrid, une adolescente en pleine révolte. Ils vivent, libres, au bord du Rhône, comme les héros de Mark Twain vivaient au bord du Mississippi.
Un récit magnifique d’un écrivain, géographe et historien, brillant conteur, qui nous amène à nous interroger sur les conséquences de nos choix énergétiques et sur notre rapport à la terre et au monde vivant.
Pierre-Pascal Bruneau

La vie meilleure, Étienne Kern

Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 22 août 2024
ISBN : 9782073075833, 192 pages

« Ils disent qu’en Amérique, les sermons des pasteurs le comparent à Gandhi, à Einstein, à Lénine. Ils disent aussi qu’il est célèbre et c’est vrai. Il a écrit, un peu. Pas un roman, pas des poèmes. Un petit volume que l’on trouve parfois en librairie : La maîtrise de soi par l’autosuggestion consciente. Il y promet plus que la maîtrise de soi. Il y promet la santé, le bonheur, la confiance, l’allégresse. » p.16

Oui, l’auteur de la célèbre méthode a bien existé. Il s’appelait Émile Coué de La Châtaigneraie et était pharmacien à Troyes. Contemporain de Charcot et de Freud, le premier le « regarde avec le mépris que l’on réserve à ceux que l’on craint » et le second « fera le voyage pour le voir » (page 43). Coué a été, en son temps, incroyablement célèbre, adulé et sollicité dans le monde entier, autant par les grands de ce monde que par les humbles. Étienne Kern raconte, et imagine en partie, son histoire. Il réhabilite Coué que la postérité a fini par malmener. Même si certains de ses conseils apparaissent ridicules, il est le précurseur, en dehors de sa méthode, de pratiques très en vogue aujourd’hui. Le personnage est attachant. Loin d’être un charlatan, il est convaincu du bien fondé de ses méthodes, dont certaines, reconnaissons le, sont pourtant assez farfelues.
L’histoire commence à l’hiver 1884 ou 1885. Coué reçoit dans sa pharmacie une femme qui souffre et demande quelque chose, n’importe quoi, pourvu que le mal cesse. Coué ne sait que faire mais comprend intuitivement que la douleur, pour réelle qu’elle soit, est sans doute d’origine psychosomatique. Il concocte alors un remède à base d’eau sucrée et colorée et recommande à la chère dame, surtout, de ne pas en abuser. Ce ne sera donc que deux gouttes maximum, au risque d’être au plus mal. Le lendemain, la femme est de retour. Elle est venue le remercier, le remède est une merveille. C’est la révélation. Coué comprend l’effet placébo avant la lettre. Il comprend qu’avant le remède, il y a le désir du remède et la nécessité impérative de croire à la guérison. Nous y sommes, la méthode Coué est née. Un roman passionnant, drôle, et de façon surprenante, très actuel.
Pierre-Pascal Bruneau

La reine du labyrinthe, Camille Pascal

Robert Laffont
Date de parution : 29 août 2024
ISBN : 9782221267530, 432 pages

« La représentation n’avait pas encore commencé que le public applaudissait déjà à la capitulation du pouvoir royal devant l’insolence de l’esprit français. 
Depuis le fond de sa propre loge, Beaumarchais, le véritable héros de cette folle journée, attendait avec l’anxiété des auteurs de théâtre le sort que le public allait réserver à sa pièce. » p.45

Le collier de la reine… voilà une affaire dont on croyait tout savoir depuis Alexandre Dumas ! Eh bien, non ; Camille Pascal nous révèle une autre histoire. Fidèle à sa formation d’historien, l’auteur n’utilise que des faits réels et plonge le lecteur dans le xviiième siècle afin de révéler le complot. Tout est vrai et pourtant tout est rocambolesque et romanesque à souhait. Le lecteur découvre Jeanne de La Motte-Valois, noble héritière d’un fils naturel d’Henri II, devenue aventurière pour échapper à la misère, qui est l’instigatrice de cette escroquerie. On découvre combien il lui a été facile, s’inspirant du théâtre, de duper le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg et grand aumônier de France. Il révèle aussi l’importance d’un autre personnage, trop souvent oublié dans les récits de cette affaire. Camille Pascal a le talent de transcrire avec exactitude, sans lasser le lecteur, toute une époque et de montrer à quel point les sentiments personnels, humiliations et vengeances sous-tendent les rouages du pouvoir. Amateurs de romans historiques, n’hésitez pas !
Véronique Fouminet

Berlin pour elles, Benjamin de Laforcade

Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 29 août 2024
ISBN : 9782073030108, 208 pages

 » De nouveaux objectifs sont parvenus aux cadres, provenant directement des sommets de la hiérarchie. L’intensification significative des opérations de surveillance ne s’est accompagnée d’aucune augmentation des ressources, c’est sur la qualité des renseignements que les compromis sont faits. » p.105

Le deuxième livre sur Berlin de ce jeune auteur, qui y habite depuis sept ans, raconte l’histoire de deux petites filles qui grandissent, d’abord dans la RDA dans les années quatre-vingt puis après la chute du mur dans l’Allemagne réunie. Le roman se déroule sur une vingtaine d’années. Hannah et Judith ont six ans, elles sont amies pour la vie. Dans un pays dur et hostile, elles sont innocentes et heureuses. La Stasi, la police secrète, est partout et surveille toutes et tous. Malgré cela, certains résistent au péril de leur vie, chacun à leur façon. Karl, le pasteur, imprime des tracs quand Werner, marginal, ancien nazi, provoque la Stasi par son comportement outrancier. Le bonheur des deux amies est perturbé par le père de Judith, un fonctionnaire zélé et aigri de la Stasi, qui méprise la mère d’Hannah, un être libre et rebelle, et cherche à lui nuire. L’écriture, le rythme et la construction du récit de Benjamin de Laforcade traduisent l’angoisse et la difficulté de vivre dans un pays écrasé par la dictature; un beau roman.
Pierre-Pascal Bruneau

Le diplôme d’octobre, Ludovic Roubaudi

Éditions Rue Fromentin
Date de parution : 5 septembre2024
ISBN : 9782919547869, 340 pages

« L’homme est une espèce fabulatrice, monsieur, il lui faut une mythologie qui lui explique le monde, ses règles et ses ambitions. L’empire, pour être accepté comme la seule évidence de régime et devenir une espérance, doit reposer sur une histoire qui fixera un sens et un but à son existence. Toute interprétation du passé, des textes religieux, des œuvres artistiques, des règles économiques, de la justice, du rôle social des uns et des autres doit être pensée en fonction de cet objectif. » p.43

Dans un lointain Empire, un garçon est né dans une famille qui ne lui correspond pas ; mal-aimé par son père, parce qu’il n’est pas fort physiquement, Ephias Sauertieg est cependant un très bon élève, ce qui n’échappe pas à ses maîtres. Evidemment, les parents acceptent que ceux-ci prennent en charge le jeune garçon, qui se révèle un esprit supérieur, jusqu’à nier tout ce qui concerne le corps. Une belle histoire ? Oui, mais… Alors que Sauertig est tout jeune diplômé, Oenigin Tzitsillis, cynique ministre de la police, repère à son tour ce génie et, surtout, voit en lui la réponse aux inquiétudes de l’empereur. En effet, l’Empire, récemment apaisé et constitué de divers peuples, langues et cultures, manque de cohésion. Tzitsillis demande donc à Sauertig de développer et enseigner sa pensée au service d’un roman national qui unira définitivement l’Empire. Le génie, père de la nouvelle pensée, la Pragmatique, comprendra-t-il qu’il est, en fait, un redoutable instrument du pouvoir ? Un empire, des ministres cyniques, une réécriture de la réalité, le formatage de la pensée ; voilà de quoi faire réfléchir… Ludovic Roubaudi embarque le lecteur dans un conte philosophique riche de références et distrayant ; remarquable !
Véronique Fouminet

La méduse noire, Yann Queffélec


Calmann Levy
Date de parution : 21 août 2024
ISBN : 9782702163122, 368 pages

« Le vieux cow-boy richissime est malade, cancer du larynx. On peut mourir avec ce truc. Eddie rentrerait ? Et lui mourrait sans l’avoir revu ?
– J’ai dit : Alors ! tonne-t-il.
Les deux qui l’écoutent restent muets, aucunement surpris par ce coup de gueule, un de plus. » p.25

Comme il est agréable de retrouver le style, classique, des grands romanciers populaires, comme La famille Boussardel de Philippe Hériat ou encore les romans incroyablement inventifs d’Henri Troyat (Le mort saisi le vifLe vivier, etc..). D’excellents auteurs, (dont je volais, enfant, les livres dans la bibliothèque de ma mère, attiré par leurs titres évocateurs, sans toujours comprendre ce que je lisais), qui sont bien oubliés aujourd’hui. Cette remarque ne fera probablement pas grand plaisir à Yann Queffélec, pourtant c’est avec admiration que je porte ce jugement. Après tout, qu’est ce que la mode. L’on voit bien des auteurs jugés démodés et dépassés revenir furieusement à la mode, parce qu’ils sont (re)découverts et portés aux nues par un auteur célèbre (on pense évidemment à Huysmans remis au goût du jour par Houellebecq). Alors ne boudez pas votre plaisir et lisez le dernier roman de Yann Queféllec. Une intrigue bien ficelée, des secrets de famille, de belles descriptions de nos provinces, des révélations et des rebondissements, tout ce qui fait un bon roman classique s’y trouve. Bien écrit, bien construit, jamais le roman ne s’essouffle; de la belle ouvrage, bravo Monsieur Queffélec !
Pierre-pascal Bruneau

Aucun respect, Emmanuelle Lambert      

Stock, collection La Bleue
Date de parution : 21 août 2024
ISBN : 9782234093829, 225 pages

« Incapable de lui expliquer en quoi elle n’était pas d’accord avec lui, et tout à fait agacée de sa propre impuissance, elle s’était dit que, la fin justifiant les moyens, il fallait l’attaquer avec les seuls arguments qu’il pouvait recevoir. Elle avait dégainé. Ce texte n’était pas écrit. C’était à peine du Robbe-Grillet. Il avait une œuvre, ça n’en était pas digne. On avait le droit absolu de tout écrire ; on n’avait pas le devoir de tout publier. » p. 203

Le roman s’ouvre sur une jeune femme qui ne semble pas être à sa place ; elle est le personnage principal dont on découvre les débuts dans la vie professionnelle. Elle est, en fait, Emmanuelle Lambert qui revient sur son expérience dans un Institut naissant qui deviendra l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine. Elle est d’abord une étudiante stagiaire qui découvre un monde dont elle ne connaît pas les codes mais croque les personnages dans de redoutables portraits. Une fois diplômée, elle rejoint l’Institut pour « une mission » et se voit chargée de la réception des archives de Robbe-Grillet, le Pape du Nouveau Roman. Cette chronique rend compte de l’atmosphère des années 90, de la difficulté d’être une jeune femme dans un monde, pas seulement littéraire, conduit par les hommes. Dans un style alerte, efficace et plein d’humour, l’autrice relate avec une lucidité amusée ces années et offre au lecteur un délicieux roman d’apprentissage.
Véronique Fouminet

Essais – récits
La désinvolture est une bien belle chose, Philippe Jaenada

Éditons Mialet-Barrault
Date de parution : 21 août 2024
ISBN : 9782080427298, 496 pages

 » Arcachon (…) Dans la chambre, joyeuses surprises : la fenêtre donne sur le bassin et sur la grande roue toute proche (je vais faire un tour, je m’en fous, je vais faire un tour – je commence un guide des grandes roues du littoral, voilà), et j’ai reçu un mail de la BnF, la copie du microfilm sur lequel est conservé le numéro de France Dimanche qui relate la mort de Kaki. Une amorce en une ( » En se jetant par la fenêtre, Kaki a mis fin au roman type d’une désaxée de Saint-Germain-des-Près « ), avec une photo d’elle, posant devant Boris (…)  » p.192

Philippe Jaenada nous l’avait dit quand nous l’avons reçu à Amsterdam, « j’en ai fini avec les crimes, les chroniques et les erreurs judiciaires ». Avec La désinvolture est une bien belle chose, l’auteur abandonne effectivement les affaires judiciaires. Pour autant, il continue à mener l’enquête. Et quelle enquête ! Jacqueline Harispe, dite Kaki, se suicide en se jetant par la fenêtre d’un hôtel, à Paris, en 1953. Kaki est jeune et belle. Ephémère mannequin chez Dior, elle est l’égérie d’un groupe de jeunes marginaux qui se retrouvent quotidiennement Chez moineau, un bistrot assez minable situé rue du Four, à Saint-Germain-des-Près . Il n’y font rien, hormis boire. Dans ce bistrot, ces jeunes, « d’une génération perdue », côtoient des intellectuels comme Guy Debord, qui y a installé le quartier général du mouvement littéraire de l’Internationale Lettriste, dont il est un des fondateurs.
Ce groupe de jeunes paumés, aux corps harassés, épuisés, vieillis avant l’âge, n’ont pas grand chose à voir avec le Saint-Germain-des-Près de Boris Vian, de Duras ou de Sartre et Beauvoir. Ed van der Elsken, photographe vagabond, « un peu clodo », comme le dit Philippe Jaenada, et devenu célèbre par la suite, publie en 1956 un livre de photographies intitulé Love on the Left Bank, sur les jeunes de Chez Moineau.C’est la découverte de ce livre et de ces photographies qui le fascinent, qui donne envie à Philippe Jaenada de partir à la recherche des jeunes qui forment cette improbable bande. Ces jeunes n’ont pas seulement intéressé le jeune photographe néerlandais. Ils sont aussi au centre d’un des plus beaux romans de Patrick Modiano, Dans le café de la jeunesse perdue (gallimard, Collection Blanche, 2007). Le roman met en scène plusieurs d’entre eux, dont une certaine Jacqueline Delanque, alias Louki, qui n’est autre que Jacqueline Harispe, surnommée Kaki. Comme dans la vraie vie, Louki/Kaki, se suicidera en se jetant par la fenêtre.
Philipe Jaenada fait alors le pari fou de retrouver la trace de tous ces jeunes. Selon son habitude, l’auteur entremêle, pour notre plus grand bonheur, ses recherches, extrêmement sérieuses et complètes, avec sa vie. Il décide ainsi d’écrire son livre tout en faisant le tour de la France « par les bords ». De ville en ville, de bar en bar, l’auteur, privilège rare, nous fait participer à l’écriture de son livre.
Un récit passionnant; comme avec tous ses livres, nous suivons, avec délice, les pérégrinations de l’inspecteur Jaenada, qui parvient, grâce à une équipe de chercheurs chevronnés, à reconstruire, avec une incroyable précision, l’identité et la vie de la bande de Chez Moineau. Un régal !
Pierre-Pascal Bruneau

Le syndrome de l’Orangerie, Grégoire Bouillier

Flammarion
Date de parution : 21 août 2024
ISBN : 9782080445742, 432 pages

Grégoire Bouiller enquêtait, dans son dernier livre, Le cœur ne cède pas (Flammarion, 2022), sur la mort d’une vieille dame; une passionnante et troublante enquête. Cette fois il reconstruit, avec Le syndrome de l’Orangerie, l’histoire, longue et compliquée, de la création d’une des œuvresles plus célèbres au monde, Les nymphéas de Claude Monet. Comme chacun sait, cette œuvre monumentale est exposée dans les salles de l’Orangerie, aux Tuileries, dans un espace qui a été spécialement voulu et conçu par Monet lui-même.
Grégoire Bouiller ne mène pas une simple enquête comme le ferait un historien d’art. Il imagine que cette œuvre, unique, extraordinaire, réalisée par Monet alors que sa vue est obérée par une forte cataracte, contient des messages et des détails, invisibles au commun des mortels, mais bien voulus par le peintre. L’enquêteur, un détective dénommé Bmore, spécialisé dans les enquêtes de phénomènes inexpliqués, tombe en syncope face aux Nymphéas. Persuadé que son malaise est dû aux Nymphéas eux-mêmes, il cherche à en comprendre la raison. L’enquête tourne à l’obsession.Il procède alors à une analyse minutieuse des tableaux en utilisant la même méthode que le séduisant (et exaspérant) jeune photographe, joué par David Hemmings, de Blow-up d’Antonioni : il photographie et agrandit au maximum certains détails pour découvrir (non le cadavre d’un homme politique comme dans Blow-up) mais des indices qui le terrifient.
Côté écriture, Grégoire Bouiller construit son récit comme Philippe Jaenada (lequel toutefois, à l’écoute des conseils de son éditeur, en a grandement réduit le nombre dans son dernier livre) qui consiste à entrecouper le récit de nombreuses digressions (donc plutôt dans le style des premières enquêtes, La petite femelle ou La serpe, de Philippe Jaenada), et cela marche comme sur des roulettes ! Le livre est drôle, enlevé et réjouissant. Pour autant l’auteur sait nous émouvoir comme lorsqu’il évoque la mort de sa mère et la confrontation avec son corps sans vie.
Simple prétexte à nous faire partager le regard de l’auteur sur le monde ou enquête véritable ? Le Syndrome de l’Orangerie est un récit érudit et drolatique, à l’humour déjanté; un excellent remontant pour ceux que la rentrée déprime.
Pierre-Pascal Bruneau





Cet événement est organisé par la fondation L’Échappée Belle en association avec la librairie française Le Temps Retrouvé à l’occasion de son dixième anniversaire.
Een evenement wordt georganiseerd door de stichting l’Échappée Belle in samenwerking met boekhandel Le Temps Retrouvé ter gelegenheid van zijn tiende verjaardag.
 

LAURENT BINET



Vendredi 27 septembre 2024

À 17:00 heures
Café Bel Campo

De Hallen Amsterdam
Hannie Dankbaarpassage 10, 1053 RT Amsterdam


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Un entretien mené par Pierre-Pascal Bruneau de la librairie française, Le Temps Retrouvé.
Een interview met Pierre-Pascal Bruneau (in het Frans) van de Franse boekhandel, Le Temps Retrouvé.
 

Laurent Binet est membre du jury du Prix Tapis Rouge pour 2024.
La soirée au cours de laquelle les livres et les films sont présentés se tiendra tout de suite après l’entretien et la dédicace en présence de Laurent Binet, ce même vendredi 27 septembre à 19 heures au FilmHallen. La réservation pour cette autre soirée s’effectuera sur le site du cinéma FilmHallen et sera ouverte à partir de la deuxième semaine de septembre.

Laurent Binet is jurylid voor de Prix Tapis Rouge voor 2024.
De avond waarop de boeken en films worden gepresenteerd vindt direct na het interview en de signeersessie plaats in aanwezigheid van Laurent Binet, op vrijdag 27 september om 19.00 uur in FilmHallen. Reserveringen voor deze speciale avond kunnen worden gemaakt op de website van de FilmHallen en zijn open vanaf de tweede week van september.


LE PRIX TAPIS ROUGE
Le Prix Tapis Rouge récompense la meilleure adaptation d’un livre de langue française. Le prix sera décerné cette année pour la cinquième fois. Le ou la réalisatrice de la meilleure adaptation est choisi(e) par un jury composé de personnalités du monde du cinéma et de la littérature français et néerlandais. Six livres et leur adaptation sont sélectionnés parmi les films de l’année en cours. 

De Prix Tapis Rouge wordt uitgereikt voor de beste verfilming van een Franstalig boek. Dit jaar wordt de prijs voor de 5de keer uitgereikt. De Prix Tapis Rouge wordt toegekend aan de filmmaker (haar/zijn/hun) die op de beste manier een Franstalige roman heeft verfilmd. Zes boeken en hun verfilmingen staan op de shortlist, waaruit de beste film gekozen wordt die in het afgelopen jaar gemaakt is.
 

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Programme

16h45 accueil
17h00 début de l’entretien
18h00-18h10 fin de l’entretien 
18h15 à 18h45 vente des livres et dédicace
18h50 fin de l’événement
 

Programma

16h45 inloop
17h00 begin met gesprek 
18h00-18h10 einde gesprek en vragen 
18h15 à 18h45 signeren boeken door auteur / boekenverkoop
18h50 einde

La carte d’Ami de l’Échappée Belle est individuelle. Seul le titulaire peut bénéficier du tarif réduit.
De Échappée Belle Card is een individuele kaart. Alleen de houder kan profiteren van het gereduceerde tarief.

Le nombre des participants étant limité, merci de réserver vos places dès que possible. Les places annulées moins de vingt-quatre heures avant la soirée littéraire ne pourront faire l’objet d’un remboursement ou d’un report.
Het aantal deelnemers is beperkt. Reserveer daarom zo snel mogelijk. Tickets die minder dan vierentwintig uur voor de literaire avond worden geannuleerd, kunnen niet worden terugbetaald of uitgesteld.