Mars 2023, Le printemps des poètes et nouveautés
Le 16 mars 2023 | 0 Commentaires

Calendrier chargé pour les semaines à venir : Le Printemps des poètes bat son plein et vous pouvez encore nous envoyer vos poèmes pour notre Concours du Printemps des Poètes ! (voir ci-après à la fin de cette Lettre). Signature dédicace le samedi 25 mars avec Catharina Valckx, auteur jeunesse, à partir de 15 heures (sans réservations), et puis nous recevrons Anne Berest le vendredi 14 avril (réservations sur Eventbrite). En préparation de cet entretien nous avons lu pour vous, en plus de La Carte postale, roman/récit dont la traduction néerlandaise sera publiée en avril, plusieurs autres de ses livres que nous vous recommandons.

Dans cette Lettre nous vous parlerons également de nouveautés parues le mois dernier ou ce mois-ci, avec Florence Aubenas, Julien Sandrel, J.M.G Le Clézio, Lydie Salvayre, Michel Pastoureau, Dominique Forestier, Pauline Harmange et François Ozon, qui a adapté le scénario de son dernier film en pièce de théâtre,  et aussi de nouvelles bandes dessinées de Joann Sfar et de Liv Strömquist.

Ici et ailleurs, Florence Aubenas


Éditions de L’Olivier
Date de parution : 3 février 2023
ISBN : 9782823620177, 368 pages, 23.43€

« Au début, on savait pas où on mettait les pieds. » Raconte une retraitée. « Des gens arrivaient de partout, seuls en général, sans se connaitre, pas très sûrs de rester. Personne n’osait vraiment se parler, certains n’ont rien dit pendant longtemps, dos courbé dans un coin. On les a vus peu à peu se redresser. » La révolte des ronds-points, page 116

Florence Aubenas sait raconter, dire l’essentiel. Dès les premiers mots le lecteur est captivé, happé par l’histoire. Florence Aubenas, autrice de Le Quai de Ouistreham (adapté au cinéma par Emmanuel Carrrère)En France et L’inconnu de la poste, publie un recueil de certains de ses reportages parus dans le journal Le Monde entre 2015 et 2022. Un seul mot résume ma lecture : Passionnant !
Vous découvrirez ou redécouvrirez la France, la vraie, celle des gens. Florence Aubenas, avec sincérité et sans artifices, sans rechercher le sensationnel, écrit au plus près, au plus juste. Elle sait écouter, observer, comprendre sans juger. Au lecteur de réagir, de se faire son opinion, Florence Aubenas elle fait son métier, et le fait bien, elle rapporte, consigne et nous permet de voir et de savoir. Il y a beaucoup de choses dans Ici et ailleurs. Tout y est intéressant, souvent captivant. Des voyages des jeunes du 93 en Thaïlande en 2015 à ses Carnets de guerre en 2022, le livre se dévore. Ses articles sont courts, serrés, impeccablement documentés et construits comme des nouvelles, avec des personnages et leur histoire, sauf que dans Ici et ailleurs, tout est vrai. Vous partagerez les espoirs et les désillusions des Gilets jaunes dans La révolte des ronds-points ou ferez la rencontre de personnages hors normes avec Des vies sauvages. La série d’articles qui m’a particulièrement captivé est celle du chapitre consacré à l’année 2019, intitulé Tiens si on allait à l’Hyper U. Florence Aubenas y décrit avec justesse les rapports complexes que ces magasins, monstrueux par leur taille, et parfois par leurs pratiques, entretiennent avec les gens, employés ou clients, propriétaires ou directeurs, dans nos provinces. Vous comprendrez l’équilibre fragile de ces colosses aux pieds d’argile et verrez que les méchants ne sont pas toujours ceux que l’on pense. L’univers de la grande distribution, grand pourvoyeur d’emplois et parfois sauveur de régions désertées, reste néanmoins glaçant. La réalité est malheureusement bien dure. Florence Aubenas la résume en une phrase : « Monique ne pensait pas finir sa carrière à l’Hyper U. Les jours ont passé, puis les semaines, les années. En 42 ans de travail, elle n’a jamais touché un centime d’augmentation, une vie entière au SMIC.’Tu as eu de la chance d’aller jusqu’au bout’ la félicite une collègue ».
Pierre-Pascal Bruneau

Mon crime, François Ozon


Les Solitaires Intempestifs
Date de parution : 23 février 2023
ISBN : 9782846816458, 128 pages, 15.26€

« À vos filles, à vos mères, à vos épouses, je veux dire qu’à travers mon crime j’ai défendu, sans le vouloir, notre cause à nous, celles des femmes, seules, pauvres et honnêtes, jetées en pâture aux instincts bestiaux des hommes ! » Madeleine au tribunal, pages 64 et 65

François Ozon publie ce mois-ci, simultanément à la sortie de Mon crime, la version théâtrale du scénario de son film. Le film et la pièce sont une adaptation de la pièce de théâtre éponyme publiée en 1934 par Georges Berr et Louis Verneuil. Plus qu’une adaptation, François Ozon, ressuscite avec brio, une comédie de boulevard démodée, pour la transformer en une charge drolatique contre les pratiques sexistes, au mieux paternalistes et au pire criminelles, du monde du cinéma, pratiques longtemps restées impunies jusqu’au mouvement #Metoo. Madeleine est une jeune et jolie actrice sans emploi. Montferrand, grand producteur de théâtre de Paris et libertin notoire. En échange de la promesse d’un rôle dans une de ses pièces, Montferrand s’attendait à profiter en retour des faveurs de Madeleine. Alors qu’elle refuse ses avances, il tente de la violer. Peu après, Monferrand est retrouvé mort, assassiné. Alors qu’elle n’en est nullement responsable, Madeleine s’accuse du meurtre. Avec le soutien de son indéfectible amie Pauline, jeune avocate dont les débuts dans la profession sont bien difficiles, Madeleine sera acquittée et deviendra riche et célèbre. Mon Crime est le dernier volet d’une trilogie dénonçant avec humour la domination masculine. Les deux premiers volets, 8 femmes (adaptation de la pièce de Bernard Thomas) et Potiche (adaptation de la pièce de Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy) s’attaquaient au patriarcat. « Mon crime, célèbre le triomphe de la sororité » (extrait de la préface du livre écrite également par François Ozon). Pour aborder ces thèmes difficiles et douloureux, François Ozon choisi le ton léger et enlevé de la comédie de boulevard comme il l’avait fait pour les deux premiers films de sa trilogie. Fausse coupable, farce véritable, Mon crime fait triompher la vertu et la femme. Une adaptation réussie qui traite de sujets graves et prend fait et cause, avec légèreté et humour, sans militantisme, mais peut-être avec plus d’efficacité que certains films dits sérieux, pour la défense des droits des femmes.
Pierre-Pascal Bruneau

Les extraordinaires, Julien Sandrel


Calmann Levy
Date de parution : 1er mars 2023
ISBN : 9782702183540,300 pages, 22.36€
Après le succès de La chambre des merveilles, dont l’adaptation au cinéma par Lisa Azuelos, avec Alexandra Lamy et Muriel Robin, sort dans les salles ce mois-ci (en France), Julien Sandrel, auteur célébré par le grand public, nous revient avec Les extraordinaires. Une histoire drôle, touchante, pour toutes celles et tous ceux qui, la tête dans les étoiles, croient à leurs rêves, lesquels parfois, contre toute attente, deviennent réalité. Anna, depuis toute petite rêve de devenir astronaute. Médecin généraliste, rien ne la destine à le devenir. Pourtant elle rejoindra le groupe à part des candidats au voyage dans l’espace, ceux que l’on appelle « Les extraordinaires ». Vous suivrez la course à l’espace de ces hommes et femmes hors du commun, et vous serez pris par la tension et l’émotion de ce concours hors norme.
Pierre-Pascal Bruneau

Les ombres blanches, Dominique Fortier


Grasset
Date de parution : 11 janvier 2023
ISBN : 9782246832553, 256 pages, 22.78€

Emily Dickinson (1830-1886), l’immense poétesse américaine, ne souhaitait pas que ses poèmes soient publiés. Peu de temps avant sa mort, elle donne ainsi instruction à sa soeur Lavinia de bruler ses écrits. Lavinia, brûlera lettres et correspondances d’Emily Dickinson, mais, comme le fera Max Brod pour son ami Kafka, sauvera ses poèmes. Cependant, contrairement à Kafka dont les manuscrits étaient pour leur plus grande part prêt à être publiés, les poèmes d’Emily Dickinson sont écrits sur des papiers épars, rangés en vrac, sans ordre aucun, dans un tiroir. Leur publication requiert donc un énorme travail éditorial et Lavinia ne se sent pas capable de mener à bien cette immense tâche. Elle confiera d’abord le soin de classer et parfois de reconstruire les poèmes à Samuel Bowles, ami d’Emily Dickinson, journaliste et propriétaire d’un important journal. Il ne comprendra rien à la construction des poèmes et à la puissance évocatrice de l’oeuvre qui lui est confiée et ce projet n’aboutira pas. Ce sera à Susan, l’épouse de son frère, puis à Mabel, la maitresse de ce même frère, qu’elle demandera de reprendre ce travail. Si vous avez aimé Les villes de papier ( Prix Renaudot de l’essai 2020 publié chez Grasset), le très beau livre de Dominique Fortier sur la vie d’Emily Dickinson, vous devez lire Les ombres blanches qui en est le complément indispensable. En nous faisant connaitre plus avant ces femmes qui ont vécu avec Emily Dickinson et qui l’ont soutenue, Dominique Forestier ajoute une dimension nouvelle à la connaissance que nous avons de cette femme de lettres hors du commun et du temps.
Pierre-Pascal Bruneau

Avers, nouvelles des indésirables, J.M.G. Le Clézio


Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 2 février 2023
ISBN :  9782073008909, 224 pages, 21.26€

« La musique, pour elle, ce n’était pas un récital, ni même une chorale. Pas une offrande non plus, à qui pouvait-elle offrir quelque chose ? C’était une façon d’être loin, d’oublier les mauvais moments de sa vie, de se libérer ». « Erin », p. 26
Dès le titre, le lecteur sait de quoi il s’agit : il faut se méfier de la médaille pour en découvrir la partie cachée, celle que couvre l’effigie qui affirme son propre pouvoir. S’ouvre alors une série de huit beaux textes qui, tous, ont pour personnages des oubliés, des déshérités. Chacun à sa façon cherche sa propre voie, que ce soit au Mozambique, au Mexique, en Syrie, au Panama ou en France. Tous subissent les cruautés de notre monde tel qu’il va. L’art de Le Clézio réside en une écriture qui n’est simple qu’en apparence ; la volonté d’écrire place l’auteur face au réel afin de l’offrir au lecteur. En effet, l’objet de chaque récit est de saisir la vie, la vérité de chaque être, comme un instantané qui donne à réfléchir. Chacun cherche aussi sa voix ; la langue de l’auteur est fluide et précise, parfois savante et, souvent, elle se tait pour laisser place aux divers créoles, pour laisser chanter celle de ces personnages qui trouvent enfin comment exister. Le propos de l’auteur est revendiqué depuis son discours suite à l’obtention du Prix Nobel et rappelé sur la quatrième de couverture « l’écriture est avant tout un moyen d’agir, une manière de diffuser des idées. (…) et [s]on objectif est de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l’injustice de ce qui leur arrive. » Ces nouvelles, certaines déjà publiées, d’autres plus récentes, atteignent le but, tant la langue est claire, les récits sensibles et l’admiration pour ceux qui résistent réelle. Laissez ce magnifique conteur vous emporter !
Véronique Fouminet

Irréfutable essai de successologie, Lydie Salvayre


Seuil
Date de parution : 6 janvier 2023
ISBN : 9782021516678, 176 pages, 19.08€

« Un Non à ces livres sans nerfs, sans os, sans chair, sans poids, ces livres sans bonté, sans joie, sans rage et sans exultation, ces livres sans épines, ces livres sans arêtes, ces livres bien prudents, bien proprets, ces livres bien nippés, bien peignés, pommadés, ces livres écrits à l’eau tiède à l’usage des tièdes et qui châtrent, affadissent et dévoient toutes les choses qu’ils nomment ». pp. 167-168

Lydie Salvayre, dont vous connaissez sans doute la fougue, nous offre un essai caustique, virulent et drôle ! Prétendant souscrire au genre du « manuel de développement personnel », elle expose sa démonstration en dix-huit chapitres, nourris de portraits ironiques, de conseils assénés, de règles de conduites mises en valeur par une amusante mise en page. Tout le monde est concerné : des différents types d’écrivains à la « Bookstagrameuse », supposée inculte, en passant par les hommes d’influence, les lecteurs et elle-même ! Évidemment, l’autrice est en colère, évidemment, ce monde des apparences et de la superficialité ne peut lui convenir ! Évidemment, cette satire est drôle… il faut la lire comme telle. Il est aussi intéressant d’y retrouver, en creux, ce qui fait la qualité de la plume et de la pensée de Lydie Salvayre : la fréquentation des grands auteurs, de l’antiquité à nos jours, le goût pour la langue et le grand style, l’amour de la culture. Le lecteur, régulièrement apostrophé, encouragé, se réjouit et s’agace, parfois se désole face à un portrait si cru du succès dans notre société. Heureusement, le dernier chapitre, intitulé « Mais » le rassure : une vraie littérature est possible !
Véronique Fouminet

Dernière visite chez le roi Arthur, Michel Pastoureau


Seuil, La Librairie du XXIe siècle
Date de parution : 3 mars 2023
ISBN : 9782021512694, 176 pages, 21.69€

« Mais je ne parviens pas à me départir de l’idée qu’être chercheur est une vocation, et écrire des livres, un exercice individuel et ludique, sinon facétieux. » p. 152

Au seul nom de Michel Pastoureau, l’esprit file vers le Moyen Age et se souvient des savantes et agréables études des couleurs, des symboles, des animaux… et parfois de la célèbre série « La vie quotidienne ». C’est de celle-ci qu’il est question et plus précisément de La vie quotidienne en France et en Angleterre au temps des chevaliers de la Table ronde, parue en 1976. Pastoureau avait alors moins de trente ans et c’est son premier livre ! Agé aujourd’hui de 76 ans, reconnu mondialement, il décide de se pencher sur cet ouvrage et pense, dans un premier temps, le réécrire. Mais, la collection n’existe plus et le travail serait immense, alors une idée s’impose : en raconter l’histoire. Le lecteur a le plaisir de suivre le jeune auteur, timide et facilement impressionné. Plus que l’histoire d’un livre, c’est celle de toute une époque de l’édition qui est racontée. Les portraits, les coulisses de la collection, les situations, de l’écriture à la dédicace, sont livrés avec humour et vivacité ! On découvre aussi un auteur passionné, modeste et sérieux mais qui n’aime guère se prendre au sérieux, qui sourit encore de ses malices, erreurs et déconvenues. Au gré des anecdotes, Michel Pastoureau développe une très intéressante réflexion sur la vulgarisation et le métier d’historien, sur les rapports entre Littérature et Histoire, sans oublier de questionner les conditions de transmission du savoir et d’écriture depuis que l’apparition des nouvelles technologies en a bouleversé les méthodes. Ce retour attendri sur son passé est aussi l’occasion de rendre un bel hommage à ses maîtres et à son père. Au-delà de la nostalgie, ce récit jubilatoire et érudit montre que la passion est restée la même et donne envie de se replonger dans l’œuvre !
Véronique Fouminet

Frontières, Petit atlas poétique


Anthologie établie par Bruno Doucey et Thierry Renard
Préface de Bruno Doucey, Avant-propos de Sophie Nauleau
Éditions Bruno Doucet, Collection Tissages
Date de parution : 3 février 2023
ISBN : 9782362294389, 266 pages, 21.80€

Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l’esprit. La première renvoie à l’image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l’on traverse parfois au risque de sa vie. L’autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l’existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l’autre, sans oublier ces seuils que l’on franchit jusqu’à son dernier souffle. La poésie n’est pas étrangère à tout cela. Qu’elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l’âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main. (Note de l’éditeur)

Les autres livres d’Anne Berest

Sagan 1954

Stock, Collection La Bleue
Date de parution : 30 avril 2014
ISBN : 9782234077409, 198 pages,19.62€
Denis Westhoff, le fils de Françoise Sagan et de Bob Westhoff, contacte Anne Berest en 2013 pour lui demander d’écrire un livre sur sa mère : « On fêtera bientôt les dix ans de sa mort, je voudrais que l’on se souvienne ce que cela a représenté, dans  la société de 1954, la sortie de Bonjour tristesse. C’était il y a soixante ans ! ». Anne Berest est très vite conquise par le personnage de Françoise Sagan. Elle lit tout ou presque ce qui a été écrit sur elle. Elle rencontre Florence Malraux, l’amie inséparable de Françoise Sagan et beaucoup d’autres qui l’ont connu. Anne Berest nous raconte ainsi la transformation de Françoise Quoirez, petite jeune fille espiègle de 18 ans, de la bonne bourgeoisie tendance bohème germanopratine, en Françoise Sagan, célébrité planétaire. Publié en premier tirage à quelques milliers d’exemplaires par René Jullliard, Bonjour tristesse se vendra à plus de deux millions d’exemplaires. Anne Berest nous fait ressentir la fièvre qui s’est emparée de l’éditeur à la lecture du manuscrit après avoir lu la fiche de lecture de François Le Gris, premier lecteur de la maison d’édition, qui a immédiatement saisi l’importance de ce premier roman. Elle décrit le vent fou qui entraina la jeune autrice dans le monde entier, rencontrant Tennessee Williams et beaucoup d’auteurs de cette époque, fascinés par la précocité et le talent de la jeune fille. « La gloire, je l’ai rencontrée à 18 ans en 188 pages, c’était comme un coup de grisou »
Pierre-Pascal Bruneau

La visite suivi de Les filles de nos filles (Théâtre)


Actes Sud-Papiers
Date de parution : 15 janvier 2020
ISBN : 9782330131548, 72 pages, 14.17€

« La pire chose qui puisse arriver à une mère, vous savez ce que c’est, oui, la pire chose qui puisse arriver dans la vie d’une mère, c’est d’avoir un jour un enfant. Parce que, donner naissance à l’être qu’on va aimer le plus au monde, en sachant qu’il va mourir, c’est. Fabriquer le désespoir. » La visite

Deux pièces de théâtre dédiées à la femme qui traitent de la difficulté d’être mère et d’être autre chose qu’une mère, de la difficulté pour une femme d’obtenir la reconnaissance de ses mérites, de la difficulté de ne pas être un faire-valoir du mari et de parvenir à être reconnue pour son génie propre.

La Visite est un long monologue. Une femme, une scientifique, une chercheuse, vient d’avoir d’un enfant. Cette naissance la perturbe et suscite une multitude de questions. Cette femme reçoit des parents de son mari, qui n’est pas là. Ils viennent de loin et sont venus rendre visite aux jeunes parents pour voir le bébé. En l’absence de son mari, la jeune femme parle de la maternité, de la vie des femmes, de leur reconnaissance, de tout ce qui fait une vie. On pense bien sûr à Marie Curie et aux difficultés qu’elle et sa fille (également Prix Nobel) ont eu à se faire accepter et à faire reconnaitre leur génie dans un univers scientifique dominé par les hommes. On pense aussi à Elizabeth Badinter et son livre révolutionnaire, L’amour en plus (Flammarion, 1980) et à d’autres femmes exceptionnelles, Zelda Fitzgerald, Alma Malher ou Suzanne Leenhoff (l’épouse d’Édouard Manet), et bien sûr à Gabriële Picabia, l’arrière grand-mère d’Anne Berest, toutes ses femmes sans lesquelles leurs géniaux maris ou compagnons n’auraient sans doute pas été ce qu’ils sont devenus.
Les filles de nos filles est un petit trésor de pièce de théâtre. Judith, une jeune femme débarque à l’improviste dans le vernissage d’une exposition de photographies. Philippe, le photographe, est célèbre est a le vent en poupe, grâce au travail de son agent, une femme de caractère, forte et maline. Philippe, alors qu’il n’était qu’un jeune étudiant, a été l’amant de Judith. Le modèle des photos exposées pour ce vernissage c’est Judith. Dans La visite, les recherches et découvertes attribuées au mari scientifique, chercheur invité par l’Université de Saint Paul, sont en grande partie celles de sa femme. Dans cette deuxième pièce de théâtre, la création et « l’oeil » du photographe sont ceux du modèle et non ceux du photographe. La pièce est superbement construire. De rebondissement en rebondissement, le passé surgit et « saisi le vif ».
Pierre-Pascal bruneau

Gabriële (co-écrit avec Claire Berest)


Stcok et Livre de Poche
Date de parution : 23 août 2017 (Stock) et  22 août 2018 (Livre de Poche)
ISBN : 9782253906636, 480 pages, 10.25€

L’arrière grand-mère d’Anne Berest était Gabriële Buffet Picabia. Musicienne avant-gardiste, proche d’Égard Varèse, Gabriële a été l’inspiratrice géniale des Surréalistes. Théoricienne de l’art, elle influence considérablement non seulement son mari, Francis Picabia, mais aussi Marcel Duchamp, et Apollinaire et d’autres artistes de ce temps. Surnommée, probablement par Francis Picabia, la femme au cerveau érotique, Gabriële est avant tout une intellectuelle. Bien plus qu’une muse ou une égérie, c’est par son intelligence qu’elle séduit et fascine tous ces artistes, peintres ou musiciens. Souhaitant volontairement rester dans l’ombre, sa vie et son influence sont restées longtemps inconnues jusqu’à ce que ses deux arrières-petites-filles lui consacrent un livre. Personnage hors-norme, Gabriële est, en creux, très présente dans les livres d’Anne Berest, en particulier s’agissant de la place de la femme dans le monde et de la nécessité de lui reconnaitre les droits, à parts égales avec les hommes, qui sont les siens.
Pierre-Pascal Bruneau

Autrices
par Tiphaine Hubert

En avril 2022, votre libraire en chef – Pierre Pascal Bruneau – partageait avec vous sa lecture d’un livre original et un brin loufoque dans lequel une brebis prenait la parole pour nous parler des humains. Conter les moutons, de Marc Dugain, n’était que le premier ouvrage d’une collection qui en compte désormais quatre. Le principe de “Bestial”, fondée par Isabelle Sorente et Clara Dupont-Monod, est de proposer aux artistes de faire leur autoportrait au travers de leur animal totémique. “Ecrire comme un animal ou bien les observer intensément, flairer ce que la bête dépose en eux, ou mettre en mots la part animale qui sommeille…” commentent les deux directrices.
Après Marc Dugain et l’actrice Valérie Bonneton (Maman à moi, paru en septembre 2022), c’est à deux autrices de coucher sur papier leur vie et l’animal auquel elles s’identifient. En janvier dernier, Wendy Delorme nous livrait Devenir Lionne. Dans ce livre l’autrice impétueuse nous expose son bestiaire intérieur avant de revenir sur deux périodes de sa vies. A vingt ans, elle est la victime d’une relation toxique. C’est auprès de la cage d’une lionne enfermée au zoo de Berlin et qui ne sort de son apathie que pour se blesser qu’elle se ressource. Vingt ans plus tard, quand elle aime à nouveau, elle craint de devenir à nouveau cette lionne apathique et blessée. Pourtant, n’est-ce pas la lionne en elle qui la sauvera ?

Je voudrais écrire un nouveau lexique. Celui du bestiaire qui peuple les assignées-femmes. Suivant le principe de Zeig et Wittig, on pourrait imaginer un Néodictionnaire des substantifs animaliers féminins, qui rendrait leur honneur, leur panache, leur fierté à toutes les truies, pucettes, poulettes, poussins, gazelles, baleines, morues, thons, chatasses, chiennasses, et j’en oublie. Je ne l’écrirais pas seule. J’imagine un lexique qui aurait autant d’entrées que d’autrices. Chacune s’emparerait de l’épithète de son choix, pour en récrire la mythologie. Plusieurs définitions pour la même animale pourraient se côtoyer – car nous sommes plurielles.” Devenir lionne, Wendy Delorme.

En ce mois de mars, c’est à la jeune Pauline Harmange – dont le manifeste “Moi les hommes, je les déteste” sorti en 2020 fait trembler la gente masculine jusque dans les bureaux du gouvernement – de rendre compte de sa part d’animalité dans Le renard. Le récit prend la forme d’un conte. Lors d’une balade dominicale, une jeune fille en passe de devenir une jeune femme s’éloigne du chemin emprunté par sa famille pour s’enfoncer dans la forêt. Perdue, elle se remémore des souvenirs de peurs intenses. Peurs d’enfant et peurs de femme se mêlent quand le renard fait son apparition. Lui saura bien la tirer de là.
Je ne serais jamais chez moi au milieu du sauvage, ni la faune ni la flore n’ont besoin de ma carcasse malhabile, et je n’ai pas les clés pour comprendre ni me fondre au milieu de bruissements, des hululements et des glapissements. Je ne reconnais aucune essence d’arbre et ne discerne pas le passage des animaux sur le chemin emprunté. Je n’ai que mes yeux trop humains, que mon cerveau trop urbain, pour déchiffrer ce que je vis dans ces bois déjà un peu domestiqués.” Le renard, Pauline Harmange.

A venir dans cette collection Assis, debout, couché ! par la réalisatrice et écrivaine Ovidie.
Tiphaine Hubert

Nouveautés bandes dessinées
Tiphaine Hubert

Riviera, de Joann Sfar


Editions Sonatine
Date de parution : 2 mars 2023
ISBN : 9782355849886, pages 228, 24.96€

Le prolifique Joann Sfar s’attaque au noir avec ce roman graphique qui magnifie Nice et met en scène Monsieur Formidable, un criminel qui se croyait rangé des voitures, avec seulement un simple feutre noir et un humour à la San-Antonio : « Vous vous en foutez, de savoir comment on fait disparaître cent kilos de viande ? » . À Paris, Monsieur Formidable partage son temps entre sa femme, sa guitare et les clients qui jouent au poker dans l’arrière-salle de son restaurant. Mais quand un flic vient le trouver pour lui confier une mission, il n’a d’autre choix que d’abandonner sa vie paisible. Le voilà au volant, direction Nice, sa ville natale. Mais tandis qu’il file vers le Sud, le criminel refait surface… Raconter la Côte d’Azur et ses paysages avec un simple feutre et aucune couleur, c’est une contrainte qui sied à Joann Sfar. Avec Riviera, il esquisse le parcours de son alter ego, un Niçois plus vieux et plus méchant, compagnon de route parfait pour arpenter un territoire digne des meilleurs romans noirs. Riviera, c’est la mort. Au soleil.
Tiphaine Hubert

Astrologie, Liv Strömquist, traduction Sophie Jouffreau


Editions Rackham, Le Signe Noir
Date de parution : 3 mars 2023
ISBN : 9782878272529, 176 pages , 26.16€

Saviez-vous que Melania Trump est Taureau, le signe le plus résilient de tous ? Et que Boris Johnson est Gémeaux, le moulin à parole du zodiaque ? Et savez-vous quel signe est si captivant et envoûtant que nous ne remarquons même pas qu’il est en train de nous entuber ? Dans les pages d’Astrologie vous trouverez la réponse à ces questions et vous rencontrerez un tas d’autres gens plus ou moins célèbres dont les actions et le destin sont expliqués à travers le prisme de leur signe zodiacal. Une fois passées en revue les frasques de ce beau monde (et de plein d’autres célébrités ou personnages historiques), vous pourrez vous pencher sur l’épineux problème de la compatibilité amoureuse entre les signes ou explorer la mystérieuse sous-catégorie astrologique du « Scorpion de-bas-niveau ». Toujours drôle et ironique, Liv Strömquist pose une fois de plus son regard perçant sur les tics et les obsessions de notre société à l’ère du capitalisme avancé, n’oubliant jamais de mettre le doigt où ça fait mal. Une lecture qui va ravir les amateurs d’astrologie tout autant que ceux qui l’ont en horreur.
Tiphaine Hubert

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Enfin les jours rallongent, et un petit zéphyr semble vouloir ouvrir portes et fenêtres… Sentez-vous le printemps qui arrive ? Avec lui, cette année, il apporte la 25ème édition du Printemps des Poètes !
Autour d’un thème, du 11 au 27 mars 2023, des événements sont organisés pour fêter le printemps en poésie, dans toute la France… et à Amsterdam dans votre librairie française !
Le thème choisi est « Frontières ». Sophie Nauleau, directrice du Printemps des Poètes, nous propose donc d’aller voir « plus loin que les paroles, les démarcations et les pensées toutes faites, là où les mots ouvrent l’espace. » A notre tour, nous vous invitons à découvrir la sélection de citations, textes et recueils de poètes contemporains, ou plus anciens. Laissez-vous surprendre par la création poétique… et laissez-la vous saisir : nous vous proposons de nous transmettre vos propres textes ! Quelle que soit la forme choisie, du haïku au calligramme, du sonnet classique au poème en prose, emparez-vous de ce thème et partagez vos créations. Vous pouvez déposer vos textes, dès le 10 mars 2023, à la librairie ou les envoyer à info@letempsretrouve.nl, en précisant « Printemps des poètes » en objet. Vous pouvez utiliser votre vrai nom, un pseudonyme, ou rester anonyme.

Tous les textes seront mis à la disposition des clients et visiteurs et chacun pourra choisir son texte préféré. Les votes seront clos le 22 mars 2023. Les cinq premiers seront affichés en vitrine puis publiés dans la Lettre du libraire du mois d’avril 2023.

A vos plumes ! Nous sommes impatients de vous lire !

L’équipe de la librairie Le Temps Retrouvé

Signature dédicace à la librairie
Catharina Valckx, auteur jeunesse
Le 25 mars 2023, 15 heures

Les soirées de l’Échappée Belle

 Anne Berest 

Vendredi 14 avril 2023
Amstelkerk

 Amstelveld 10, 1017 JD Amsterdam
Un entretien avec Pierre-Pascal Bruneau
de la librairie française Le Temps Retrouvé
Een interview met Pierre-Pascal Bruneau (in het Frans)

uit de Franse boekhandel Le Temps Retrouvé
Lecture d’extraits de De Ansichtkaart par Chazia Mourali
Journaliste et productrice, NPO Radio 1 et NPO Start

Fragmenten uit De Ansichtkaart, voorgelezen door Chazia Mourali
(in het Nederlands)
Journalist en producent, NPO Radio 1 en NPO Start

DansLa Carte Postale, (Grasset, 2021), Anne Berest mène l’enquête :

« C’était en janvier 2003. La carte postale est arrivée dans notre boîte aux lettres au milieu des traditionnelles cartes de voeux. Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme. Il y avait l’opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942. Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale, en explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi. »

In La Carte Postale, (Grasset, 2021) gaat Anne Berest op onderzoek :

« Het was januari 2003. De ansichtkaart lag in onze brievenbus tussen de traditionele wenskaarten. De kaart was niet ondertekend, de auteur had anoniem willen blijven. Aan de ene kant stond het operagebouw Garnier, aan de andere kant de namen van de grootouders van mijn moeder, haar tante en oom, die in 1942 in Auschwitz waren omgekomen. Twintig jaar later besloot ik uit te zoeken wie ons die briefkaart had gestuurd, waarbij ik alle mogelijke hypotheses onderzocht. »

Bien des années après que sa mère ait reçu cette énigmatique carte postale, Anne Berest décide donc de partir à la recherche de ses arrière-grands-parents, de sa grand-tante et de son grand-oncle. Elle refera le chemin qu’ils auront parcouru, un long chemin, qui, depuis la Russie, en passant par la Lettonie puis la Palestine,  les mènera, en 1929, à Paris. Anne Berest cherchera à connaitre le destin de ses proches qu’elle n’a pas connu, destin incroyablement romanesque qui se terminera pour presque tous dans les camps de la mort.

Qui donc a envoyé cette carte postale ? Qui étaient ceux qui portaient ces noms ? Quel a été leur destin ? Pourquoi avoir fait le silence pendant tant d’années ? Où la mènera cette enquête, cette recherche minutieuse ? Savoir qui ils étaient et peut-être trouver ou retrouver sa propre identité ?
Anne Berest, dramaturge, biographe et romancière a reçu pour la Carte Postale (Grasset, 2021), le prix Goncourt, choix des États Unis, Le Prix Renaudot des lycéens et le grand prix des lectrices ELLE.

Jaren later nadat haar moeder deze raadselachtige ansichtkaart ontving, gaat Anne Berest op zoek naar haar overgrootouders, haar oudtante en haar oudoom. Ze volgt hun lange reis van Rusland, via Letland en Palestina, die in 1929 eindigt in Parijs. Anne Berest gaat op zoek naar het lot, ongelooflijk romanesk, maar ook heel verschrikkelijk, want bijna iedereen is in de doodskampen gestorven.

Wie stuurde deze ansichtkaart? Wie waren de mensen met deze namen? Wat was hun lot? Waarom hebben ze zoveel jaren gezwegen? Waarheen zal dit onderzoek, deze nauwgezette zoektocht, haar leiden? Zal ze ontdekken wie ze waren, en zal ze misschien haar eigen identiteit vinden of terug vinden?

 Lecture d’extraits de La Carte postale en néerlandais

Fragmenten uit De Ansichtkaart, voorgelezen door Chazia Mourali
(in het Nederlands)

La version néerlandaise de La Carte postaleDe Ansichtkaart, (Éditions Nieuw Amsterdam, traduction d’Annelies Kin et de Ghislaine van Drunen) paraitra début avril. Chazia Mourali, journaliste et productrice de radio et de télévision  et marraine de Tapis Rouge, notre festival de films français, lira des morceaux choisis de De Ansichtkaart.

De Nederlandse versie van De Ansichtkaart, uitgegeven door Nieuw Amsterdam en vertaling door Annelies Kin et de Ghislaine van Drunen, verschijnt begin april. Chazia Mourali, journaliste en tv- en radiomaker en beschermvrouwe van Tapis Rouge, ons Franse filmfestival, zal enkele zorgvuldig gekozen teksten uit De Ansichtkaart voorlezen.

Réservations

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La Carte postale, version française et néerlandaise, ainsi que les autres livres d’Anne Berest, seront disponibles à la vente. Dès après l’entretien elle les dédicacera pour vous.

De Ansichtkaart, Franse en Nederlandse versie, alsook de andere boeken van Anne Berest, zullen te koop zijn tijdens deze avond. Anne Berest zal haar boeken signeren na het interview.

Les places annulées moins de vingt-quatre (24) heures avant la soirée littéraire ne pourront faire l’objet d’un remboursement. Les places annulées avant ce délai pourront être remboursées sous déduction des frais de la centrale de réservation.

Tickets die minder dan vierentwintig (24) uur voor de literaire avond worden geannuleerd, kunnen niet worden terugbetaald. Tickets die voor die tijd worden geannuleerd, kunnen worden terugbetaald na aftrek van de reserveringskosten.

Les places sont nominatives et personnelles et ne peuvent être revendues.
Tickets zijn persoonlijk en kunnen niet worden doorverkocht.

Programme / Programma
Vendredi 14 avril  202
Amstelkerk
Amstelveld 10, 1017 JD Amsterdam

18:45 Entrée / Binnenkomst

19:00 – 20:00 Entretien (en français) et lecture (en néerlandais) / Gesprek (in het Frans) en voorlezen (in Nederlands)

20:00 – 21: 30/45 Vente des livres et dédicace / Boekenverkoop en signeersessie
21:45 – Fin/ EINDE

Pour réserver cliquer ICI :  RÉSERVATIONS
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Cette soirée a été organisée grâce au soutien du CNL et aux dons des Amis donateurs de l’Échappée Belle et en association avec la librairie Le Temps Retrouvé.
Deze avond werd georganiseerd met de steun van het CNL en giften van de Vrienden van l’Echappée Belle en in samenwerking met de boekhandel Le Temps Retrouvé.

 

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