Mars 2022, solidarité !
Le 28 mars 2022 | 0 Commentaires

La résistance héroïque de l’armée ukrainienne, mais aussi de tout un peuple dont le courage force l’admiration, montre que ce qui semble inéluctable ne l’est pas toujours. Aidons cette nation martyrisée chacun à notre mesure.

De nombreuses initiatives sont prises pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens. Le monde du livre n’est pas en reste et à cet égard signalons, parmi d’autres, la sortie prochaine, au mois d’avril, d’un nouveau livre de cuisine de la série Simplissime, du sympathique et prolixe Jean-François MalletCuisiner Simplissime et aider l’Ukrainedont tous les droits et bénéfices seront reversés au profit des réfugiés ukrainiens . Nous vous en donnerons les détails dès qu’ils seront publiés.

Un « Simplissime » pour aider l’Ukraine, Jean-François Mallet

EXTRAIT DE CUISINER SIMPLISSIME ET AIDER L’UKRAINE, DE JEAN-FRANÇOIS MALLET, CHEZ HACHETTE CUISINE.

Hachette publie avec Jean-François Mallet un nouveau Simplissime le 20 avril. L’intégralité des droits d’auteur et des bénéfices seront reversés au profit des réfugiés ukrainiens.

Les livres du mois

Frédéric Verger, dans un très beau roman qui a tout d’un conte, situe son action en 1940, temps de la Débâcle, quand, comme toutes ces familles en Ukraine, les français se jetaient sur les routes pour fuir l’envahisseur. Nous sommes à Marseille, dans le quartier du Panier, qui sera détruit à l’explosif par les allemands. Là, des enfants, en dépit de tout, s’organisent et résistent à leur façon. La deuxième guerre mondiale, ou du moins ses prémices, est aussi le cadre du nouveau roman de Pierre Assouline. Un cadre bien particulier, original, celui d’une croisière au long cours de gens très privilégiés et dont certains célèbres. David Foenkinos nous revient avec un roman assez étonnant consacré à l’enfant qui a failli être choisi pour jouer le rôle de Harry Potter. Nicolas Mathieu, Goncourt 2018 avec Leurs enfants après eux, consacre son nouveau livre à la génération d’après, celles des quarantenaires et parmi eux ceux qui traversent une crise existentielle. Olivier Rolin, lui, nous raconte avec la sensibilité et l’humour qui le caractérisent, le choc que représente l’obligation de « Vider les lieux » , de quitter un appartement où l’on « a passé la moitié de sa vie, entassé un prodigieux bric-à-brac, journaux, lettres, photos, livres surtout, des livres partout » et c’est l’occasion de revisiter pour lui bien des choses. Le dernier livre de Joël Dicker, un retour à l’affaire Harry Québert, est au moins aussi bon que ce premier immense succès. Un policier bien ficelé, dépaysant et plein de rebondissements. Autre policier, cette fois historique, de Nathalie Cohen, qui nous présente la seconde enquête du tribun Marcus Alexander. Elle se déroule dans Rome du temps de Néron, théâtre d’exactions et de cruautés dont les premières victimes sont les enfants. Enfin, le palmarès du festival d’Angoulême étant à présent connu, lequel, une fois n’est pas coutume, a célébré plusieurs autrices plutôt que des auteurs, nous vous recommanderons plusieurs bandes dessinées.

Sur les toits, Frédéric Verger


Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 19 août 2021
ISBN : 9782072949883, 400 pages, 22.89€

«  J’aimais beaucoup le ciel pâle du soir qui éteignait la couleur des toits. Mais il y avait une certaine heure, entre le coucher du soleil et la nuit, où le ciel devenait violet. Au fur et à mesure qu’il s’assombrissait, j’étais pris d’une angoisse indéfinissable, écoeurante. Mais la gaieté revenait quand il devenait bleu sombre, puis noir, et qu’apparaissaient les étoiles et de l’autre côté du port, vers l’Opéra, les lumières de la ville. » Page 71

1940, la débâcle, des gens de toutes nationalités et de tous horizons fuient Paris et échouent à Marseille. Helen Dawson, fait partie de ces gens. Anglaise, encore jolie, chanteuse de revue dont l‘heure est passée, de galère en galère, elle échoue dans le quartier du Panier. Elle y habite un minuscule clocheton perché en haut d’un immeuble. Malade, alitée, elle survit là avec ses deux enfants, Pierre, 14 ans et sa petite sœur Liola. À l’été 1942, Helen Dawson doit être hospitalisée. Avant d’être emmenée, elle intime à ses enfants de partir et de se cacher sur les toits. Alors commence une existence extraordinaire pour ces deux enfants qui vont passer plusieurs long mois à vivre sur les toits de ce quartier jusqu’à ce qu’il soit définitivement évacué et dynamité par les allemands. Sur ces toits, les deux enfants y feront des rencontres extraordinaires : un brigadier assassin, champion de billard, un grand érudit, spécialiste de Goethe, frappé de démence, sur lequel veille Stella, sa fille, Mac, un jeune peintre irlandais et tuberculeux, et puis une multitude d’enfants, cousins des « Lost boys » du Peter Pan de J.M. Barrie, mené par Maccia, un jeune italien talentueux, voleur habile et extravagant. Frédéric Verger nous livre ici un récit fascinant, envoûtant, un monde parallèle, sorte de Cour des Miracles perchée dans les nuages où la vie est dure, cruelle et merveilleuse.
Pierre-Pascal Bruneau

Numéro deux, David Foenkinos

Numéro deux
David Foenkinos
Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 6 janvier 2022
ISBN : 9782072959028, 240 pages, 21.26€

Voilà une idée étonnante : s’intéresser à la vie de celui qui a failli être connu ! Foenkinos imagine, mêlant anecdotes réelles et inventées, le destin de Martin Hill, le jeune garçon qui a failli incarner Harry Potter au cinéma. Nul besoin d’aimer la saga Harry Potter, ni même de la connaître, pour être séduit par ce récit autant que par son personnage principal. Enfant unique d’une journaliste française et d’un accessoiriste, doux rêveur, britannique, rien ne destinait Martin à devenir acteur ; il est repéré par hasard, le premier essai est concluant, le second aussi… puis c’est la fin du rêve ! Désespéré, se croyant humilié, raté, le jeune Martin passe son temps à éviter Harry Potter, donc les rapports sociaux et, finalement, la vie. Face au succès planétaire de l’Autre, que faire de sa vie ? Le lecteur se prend d’amitié pour le personnage et espère, comme la mère de ce dernier, qu’un nouvel événement pourra « corriger » ce traumatisme. Foenkinos nous livre un beau roman à l’écriture vive, teintée d’humour et, parfois, de mélancolie, qui est une réflexion sur l’échec mais aussi sur le sens du mot « réussite ».
Véronique Fouminet, libraire au Temps Retrouvé

Les innocents, Mahir Guven


Les innocents
Mahir Guven
Grasset
Date de parution : 16 mars 2022
ISBN : 9782246823278, 496 pages, 26.16€

Noé Stéphan, 35 ans, est en garde à vue. La police l’accuse d’avoir intentionnellement tué l’un de ses amis, Paul Chance, qui avait roué de coups sa propre femme. Noé plaide son innocence, il s’agit d’un accident. Alors que l’épouse de Noé, Ayla, avocate, tarde à le rejoindre au commissariat, l’interrogatoire se déroule de façon musclée. Noé tente de s’enfuir, mais sa tête heurte très violemment le sol, on le jette en cellule à demi-inconscient. Il va mourir, il appelle à l’aide, c’est alors que les figures de son enfance lui apparaissent  : le voici devant le tribunal de sa conscience, dont le juge est sa mère, Jocelyne Daoulas. L’affaire en cours ? Déterminer comment Noé en est arrivé là. Il doit prouver à la juge qu’il est innocent. (…) Cette épopée de l’enfance chez les jeunes de la France des classes moyennes, des pavillons et des petites cités est une incroyable «  comédie humaine  » contemporaine, où Mahir Guven mêle avec brio le grave et le comique, la légèreté des premières fois et l’examen de conscience d’un homme adulte, sur un ton cocasse. (Note de l’éditeur)

Vider les lieux, Olivier Rolin


Vider les lieux
Olivier Rolin
Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 3 mars 2022
ISBN : 9782072844997, 224 pages, 19.62€

« On habite un très vieil appartement, on y a passé la moitié de sa vie, entassé un prodigieux bric-à-brac, journaux, lettres, photos, livres surtout, des livres partout — et puis un jour on est viré, il faut prendre ses cliques et ses claques. Un déménagement, écrit Michel Leiris, c’est une « fin du monde au petit pied », et c’est aussi un jugement dernier : chaque objet, pour être sauvé, est sommé de dire son histoire (…) … alors on se dit que ce chambardement mérite peut-être d’être raconté. On écrit ce livre. » Olivier Rolin

« Vider les lieux », c’est l’injonction que reçoit Olivier Rolin ! Mais comment faire ? Que signifie « habiter » ? Suite au choc de son déménagement imposé, l’auteur nous offre un récit intime de son appartement, de ses lectures, de son quartier parisien, de sa rue, la rue de l’Odéon «la grand-rue du village des lettres». Chaque objet, surtout chaque livre (et ils sont nombreux !) porte en soi un souvenir, raconte une époque, explique une partie de l’identité… Olivier Rolin réunit ainsi des digressions, les digressions que chacun a connu en préparant un déménagement. La découverte de cet « atlas intime », puisque chaque page de garde indique où ce livre a été lu, est un plaisir pour le lecteur qui découvre anecdotes littéraires et souvenirs personnels, à travers le monde. L’auteur invente ainsi, avec brio, dans un style alerte et sincère, une nouvelle forme autobiographique.
Véronique Fouminet, libraire au Temps Retrouvé

Connemara, Nicolas Mathieu


Connemara
Nicolas Mathieu
Actes Sud
Date de parution : février 2022
ISBN : 9782330159702, 400 pages, 23.98€

Vous avez aimé Leurs enfant après eux ? Connemara vous plaira aussi ! Nicolas Mathieu, Goncourt 2018, poursuit son exploration des vies ordinaires, entre fantasmes, déceptions, petits bonheurs et dure réalité. Cette fois, il ne s’agit plus d’adolescence mais de crise de la quarantaine. Hélène, qui a atteint ses buts, a tout pour être heureuse ; mais, non, elle ne l’est pas. Christophe semble avoir renoncé à ses rêves et accepté une petite vie tranquille ; mais non, il croit encore à l’avenir. Bien sûr, l’amour va s’inviter… mais l’amour adultère rend-il heureux ?  Fidèle à lui-même, Nicolas Mathieu nous emmène dans le Grand Est pour explorer ces vies minuscules, les détailler de son regard et de sa plume acérés, revenant sans cesse au moment charnière qu’est l’adolescence. Au fil du quotidien ordinaire, l’écriture, émaillée de noms de marques-symboles, balance entre banalité et fulgurances littéraires. A la représentation exacte des classes populaires, l’auteur associe la réflexion politique et invite le lecteur à analyser ce qu’est la classe sociale dans la France d’aujourd’hui.
Véronique Fouminet, libraire au Temps Retrouvé

Le Paquebot, Pierre Assouline


Paquebot
Pierre Assouline
Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 17 mars 2022
ISBN : 9782072895296, 416 pages, 22.89€

Pierre Assouline nous emmène en croisière et par n’importe laquelle : la croisière inaugurale du Georges Philippard. Nous sommes en 1932. Privilégiés, bourgeois, aristocrates, hommes d’affaires, s’embarquent en ce mois de février pour un long périple qui les mènera en orient, jusqu’en Chine. Comme toujours Pierre Assouline nous apprends un tas de choses, importantes ou petites, comme l’origine du mot paquebot qui nous vient de l’anglais. Certains d’entre vous auront reconnu le nom du bateau et se souviendront de ce qu’il avait à son bord le déjà illustre grand reporter Albert Londres. 1932, c’est peu de temps avant la consécration d’Hitler et l’avénement du Nazisme. Les conversations vont bon train, courtoises, elles sont parfois tendues, notamment celles entre le personnage principal, un libraire spécialisé dans les livres anciens rares et chers, un fervent démocrate et un industriel allemand qui voit d’un bon oeil l’instauration d’un régime autoritaire dans son pays.  La croisière sera longue et les passagers auront largement le temps de faire connaissance. Mais de nombreuses pannes des circuits électriques laissent augurer le pire…
Pierre-Pascal Bruneau

L’affaire Alaska Sanders, Joël Dicker


L’affaire Alaska Sanders
Joël Dicker
Rosie & Wolfe
Date de parution : 10 mars 2022
ISBN : 9782889730001, 576 pages, 25.07€

La suite de Harry Quebert. Avril 1999. Mount Pleasant, une paisible bourgade du New Hampshire, est bouleversée par un meurtre. Le corps d’une jeune femme, Alaska Sanders, est retrouvé au bord d’un lac. L’enquête est rapidement bouclée, la police obtenant les aveux du coupable et de son complice.
Onze ans plus tard, l’affaire rebondit. Le sergent Perry Gahalowood, de la police d’État du New Hampshire, persuadé d’avoir élucidé le crime à l’époque, reçoit une troublante lettre anonyme. Et s’il avait suivi une fausse piste ? L’aide de son ami l’écrivain Marcus Goldman, qui vient de remporter un immense succès avec La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, inspiré de leur expérience commune, ne sera pas de trop pour découvrir la vérité. (Note de l’éditeur)

Joël Dicker renoue, enfin, avec le style et la construction de son célèbre roman L’affaire Harry Quebert. Vous retrouverez avec plaisir Marcus Goldman, surnommé l’Écrivain, et Perry, le policier bourru et solitaire, dans une enquête pleine de rebondissements. À lire de préférence le soir jusqu’au petit matin !
Pierre-Pascal Bruneau

Un fauve dans Rome, Une enquête de Marcus Alexander, Nathalie Cohen


Un fauve dans Rome, Une enquête de Marcus Alexander
Nathalie Cohen
Flammarion
Date de parution : 23 février 2022
ISBN : 9782081520257, 352 pages, 23.98€

La Rome de Néron, un Néron plus vil, cruel et fou que jamais, est le théâtre d’exactions horribles dont des enfants de patriciens sont victimes. Ces crimes sont commandités au profit d’hommes de pouvoir proche de l’empereur. Dans cette seconde enquête (lire la première, La Secte du serpent, Denoël, 2019), Marcus Alexander, au péril de sa vie, est déterminé à faire jeter en prison ces prédateurs. Dans Rome bientôt dévorée par les flammes, le tribun parviendra à démasquer les monstres responsables de ces horreurs. Nathalie Cohen fait montre d’une érudition formidable qui rend encore plus passionnante cette aventure. Dès les premières pages, la précision des descriptions, sans pour autant en ralentir le rythme, rend le récit prenant et crédible et nous plonge dans cette Rome terrible. Comme l’avait si bien fait Ellis Peters avec le moine Cadfael qui menait l’enquête en Angleterre au XII ème siècle, Nathalie Cohen, grâce à l’exactitude historique et la précision des termes qu’elle emploie, nous fait remonter le temps et nous fait vivre le quotidien des habitants de Rome.
Pierre-Pascal Bruneau

Un jour ce sera vide, Hugo Lindenberg
Prix du livre Inter 2021 et Prix Françoise Sagan 2021


Un jour ce sera vide
Hugo Lindenberg
Éditions Christian Bourgeois
Date de parution : 20 août 2020
ISBN : 978267032673, 176 pages, 18.00 €

Le roman se déroule en Normandie, en été. Ce devrait être un moment idéal pour être heureux mais la narrateur, un enfant d’une dizaine d’années, reste seul et préfère observer les « gens normaux » plutôt que de les rencontrer. Survient alors la rencontre avec Baptiste. Autant le narrateur est seul, sombre, angoissé, autant Baptiste est lumineux, calme, confiant et serein. La magie opère : une amitié se noue. Le lecteur en suit avec plaisir les étapes : la rencontre, les jeux d’enfants, la nuit passée chez l’autre, les « aventures »… Mais ce bonheur estival alterne avec les sombres pensées du jeune garçon, entourés des « monstres » que sont les membres de sa propre famille au lourd passé. La fascination ressentie pour Baptiste et son monde sauve l’enfant de ses questionnements, de ses angoisses, des non-dits familiaux. C’est un beau récit, à la première personne, tout en finesse, précis, dont les détails permettent de rendre émotions et sentiments, sans peser. Entre ombre et lumière, l’auteur évoque parfaitement l’intensité de cette période de l’enfance.
Véronique Fouminet, libraire au Temps Retrouvé

LES NOUVEAUTÉS BANDES DESSINÉES
par Tiphaine Hubert, libraire au Temps Retrouvé
Angoulême mars 2022

Pour la première fois depuis la création du grand prix du festival international de la bande dessinée d’Angoulême les trois auteurs nommés pour le grand prix étaient des autrices. Les femmes dans la bande dessinée sont nombreuses et pourtant en presque 50 ans, ce prix récompensant un ou une artiste pour la totalité de son œuvre n’a été accordé à des femmes que quatre fois. Claire Brétécher, Florence Cestac, la mangaka Rumiko Takahashi (Ranma ½, Juliette, je t’aime) et enfin, cette année, Julie Doucet. En 2016, Riad Sattouf avait refusé de figurer dans la liste des trente nommés qui ne contenait injustement que des hommes. Le travail de sensibilisation sur l’invisibilité des œuvres réalisées par des femmes et de leurs créatrices semble donc avoir payé car cette année ce sont Pénélope Bagieu, Catherine Meurisse et Julie Doucet qui ont été plébiscitées par leurs pairs pour ce grand prix.

Pénélope Bagieu

Pénélope Bagieu © Simone Eusebio

Pénélope Bagieu, connue et primée à travers le monde, n’avait encore jamais été nommée pour le grand prix d’Angoulême. Si elle a débuté comme précurseuse du mouvement de bande dessinée dit “girly” – avec ses chroniques sur le Blog Ma vie est tout à fait fantastique – elle est désormais célèbre pour  Les culottées, ces courts portraits de femmes qui ont réussi à prendre en main leur vie dans le contexte d’une époque ou d’une société qui ne s’y prêtait pas. Mais Pénélope Bagieu c’est aussi des albums de qualité tel que Cadavre Exquis  (prix polar-SNCF 2011) ou La page Blanche (sur un scénario de l’auteur Boulet), une adaptation en bande dessinée de Sacrées Sorcières de Roald Dahl et un magnifique biopic sur le groupe The mamas and the papas (California Dreamin’). Dans son dernier album appelé Les strates, paru fin 2021, elle raconte au travers de différents souvenirs combien ce sont les expériences de vie et ce que l’on en retient qui se sédimentent et forment notre personnalité. Un album très personnel, réalisé au crayon à papier, dont la maquette qui n’est pas sans rappeler le format des carnets Moleskine, me laisse penser que nous prendrions bien du plaisir à en aligner quelques exemplaires dans nos bibliothèques.

Catherine Meurisse

Catherine Meurisse, lors de la 46e édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, le 27 janvier 2019 © JOEL SAGET / AFP

Catherine Meurisse a été nommée pour la deuxième fois pour le grand prix d’Angoulême et il est probable qu’elle finira un jour par le recevoir. Femme de lettres et amatrice d’arts graphiques, elle est la première dessinatrice de bande dessinée à entrer à l’Académie des Beaux Arts en 2020. C’est en 2001 qu’elle commence à travailler pour Charlie Hebdo. En 2015, elle figure toujours parmi l’équipe du journal, seule femme parmi les dessinateurs permanents. Le jour des attentats, clouée au lit par un chagrin d’amour, elle arrive en retard à la conférence de rédaction et voit détaler deux des terroristes. Privée d’une partie de ses comparses, elle se détourne du dessin de presse pour se dédier à la bande dessinée. De sa période de reconstruction elle tire le sublime roman graphique La légèreté (2016), et puis – celle-ci retrouvée – Les grands espaces  (2018) qui confirme son grand talent de narration et son aisance à faire partager sa passion des beaux textes. Dans son dernier album, La jeune femme et la mer, elle raconte de manière onirique sa résidence artistique au Japon. Elle y parle de culture, de tradition et de la place de l’homme face à la nature. Un doux conte qui nous invite au voyage.

Julie Doucet, Grand Prix d’Angoulême 2022

Julie Doucet © Courrier International

C’est pour la tonitruante Julie Doucet que la communauté des auteurs et autrices de bande dessinée ont voté cette année. A la popularité de ses compagnes issues de l’hexagone, c’est à la bande dessinée alternative de cette autrice Québécoise que ses pairs ont décidé de rendre hommage. Dans les années 80, Julie Doucet fait ses débuts dans des revues dont sont issus beaucoup de « bédéïstes » de la scène « underground » québecoise. A la fin des années 80, elle crée son fanzine Dirty Plotte -plotte désignant le vagin – dans lequel elle parle de sujets très personnels dans un style dit “de la ligne crade” (en opposition à la ligne claire) développé par des auteurs comme Robert Crumb ou, en France, Vuillemin et Reiser. Elle y bouscule l’Amérique puritaine avec des sujets trash tout en jetant un voile pudique sur sa vie de famille. En 2006 elle abandonne la bande dessinée à cause de son milieu trop « viril » pour se consacrer à d’autres arts. En 2021, elle publie des inédits de Dirty Plotte dans une anthologie de 400 pages nommée “Maxiplotte” parue en France chez l’Association. Une oeuvre décrite par son éditeur comme “subversive, féministe et fantaisiste “. Un livre qui retrace l’évolution de son travail et qui a permis de rappeler au milieu de la BD l’influence de son travail sur la bande dessinée alternative d’aujourd’hui.

Trois autrices au parcours bien différent dont le travail forcera les esprits les plus butés à réaliser qu’il n’y a pas une bande dessinée “féminine”, “de femme” ou “à femme”, mais que, de Claire Brétécher à Julie Doucet, il existe bien une diversité d’autrices aux sujets et aux styles différents qui méritent notre attention et notre respect, .
Tiphaine Hubert, libraire au Temps Retrouvé

Les soirées de L’Échappée Belle

Par la troupe Odysseus avec

Natacha Demant, Vincent Bonnet et Neill Murray

La Maison de l’Échappée Belle

Deux représentationsLe jeudi  21 avril et le vendredi 29 avril , à 19:00 heures
Spiegelgracht 2A, 1017 JR Amsterdam

La Maison de l’Échappée Belle reprend ses événements et quoi de mieux pour cette reprise que de célébrer la naissance de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, il y a quatre cents ans, le 15 janvier 1622, avec Le Tartuffe.

« Les hommes la plupart sont étrangement faits. Dans la juste nature on ne les voit jamais »
Le Tartuffe, Molière

Molière dans le rôle de César dans La Mort de Pompée, portrait attribué à Nicolas Mignard (1658)

« Chaque homme est un masque de théâtre et Tartuffe le porte avec un naturel parfait. Caché derrière le rythme des alexandrins et déguisé en saint, le loup est entré dans la bergerie…  »
Vincent Bonnet, directeur de la troupe Odysseus

Le Tartuffe de Molière en 45 minutes !  Morceaux choisis de Tartuffe ou l’imposteur interprétés par les membres de la troupe Odysseus, Natacha Demant, Neill Murray et  Vincent Bonnet, dans une mise en scène de Vincent Bonnet.

Réservations

Réservez vos places sur le site  EVENTBRITE ou en cliquant sur ce lien :   RÉSERVATION

ATTENTION !
La représentation du jeudi 21 est complète.
Il reste encore quelques places pour la représentation du vendredi 29 avril.

Les places annulées moins de vingt-quatre (24) heures avant la soirée ne pourront faire l’objet d’un remboursement. Les places annulées avant ce délai pourront être remboursées sous déduction des frais de la centrale de réservation . Les places sont nominatives et personnelles et ne peuvent être revendues.

Cette soirée a été organisée grâce aux dons des Amis donateurs de l’Échappée Belle.