Pierre-Pascal Bruneau
Le 5 décembre 2016 | 0 Commentaires

Depuis six mois, Pierre-Pascal Bruneau a fait renaître une librairie française à Amsterdam, « Le temps retrouvé ». Sur Keizersgracht, cet îlot de la culture française est une véritable caverne d’Ali Baba. Des trésors de la littérature que notre libraire évoque avec une faconde toute naturelle. Aujourd’hui, alors que son site internet propose la vente en ligne, nous l’avons rencontré du côté de chez… lui, dans sa boutique !

La librairie prend une nouvelle dimension : vous avez lancé cette semaine votre boutique en ligne…

Oui, je propose désormais des livres sur mon site web. Le prix reste le même qu’en boutique (qui est le même qu’en France, NDLR). Mais je n’ai pas monté un site marchand : il facilite juste les achats, je ne suis pas Amazon ! Si un titre n’est pas disponible sur le site, je peux toujours le commander.

Depuis notre dernière visite, les affaires vont bien, n’est-ce pas ?
Plutôt bien. Même plus que prévu ! Je ne m’attendais pas à un tel engouement d’ailleurs. J’ai une petite boutique mais je suis inondé de demandes ! Plus d’une centaine par mois. Heureusement que je me fais aider : je peux compter sur quelques personnes pour me donner un coup de main. Dans le même temps, j’ai des projets en tête comme celui d’organiser un événement en juin sur le thème : « Peut-on rire de tout ?» pour lequel je suis en contact avec des auteurs et je cherche un lieu. Je vais également essayer de faire venir des écrivains à Amsterdam.

Pourquoi avez-vous décidé de poser vos livres ici aux Pays-Bas ?
L’influence de ma femme, néerlandaise ! Mais je ne suis pas libraire de formation. J’ai été avocat d’affaires aux États-Unis, à Chicago et New York puis en France, à Paris. J’ai toujours eu la passion des livres. Il y a longtemps que j’avais envie de changer de métier. Et un jour, un de mes clients m’a glissé cette superbe idée…

Pour un grand écart…
Oui, je travaillais dans un milieu fermé avec des fonds d’investissement… Mais cela ne nous empêchait pas, avec mes collaborateurs, de parler littérature à 4.00 du matin ! Aujourd’hui, j’adore mon métier et plus que tout, le contact avec les clients.

Quand on vous parle d’un livre, vous avez toujours un petit mot. Mais vous les avez tous lus ?
Oui, pour la plupart. Le livre est une passion. Lors de mes études à l’Université à Chicago, nous devions avaler de la ligne ! J’ai donc une technique pour lire très vite. Ça aide beaucoup !

Depuis notre première rencontre, le visage de la boutique a beaucoup changé. C’est votre volonté ?
J’essaye de faire vivre un maximum ce lieu. Je force beaucoup de retours pour assurer un maximum de rotation. Et le rayon jeunesse a gagné de l’espace !

Y-a-t-il des livres que vous refusez de vendre?
Il y a des bouquins qui m’ont tellement énervé que j’ai envie de les renvoyer, ou du moins, je ne ferai rien pour les vendre. Je n’ai pas celui de Valérie Trierweiler, inintéressant et mal écrit. Illisible même. Les curieux peuvent le trouver dans toutes les gares.

Quel est votre best-seller aujourd’hui?
« Soumission » de Michel Houellebecq. Je ne suis pas fan de son dernier ouvrage -qui n’est pas le meilleur, selon moi- mais les gens sont vraiment intrigués et me le demandent beaucoup.

Qu’est ce que vous nous conseilleriez alors ?
(Il se lève, quitte son bureau et fonce vers le fond de la boutique)
« Le Voyant » qui conte l’histoire d’un résistant aveugle, chez Gallimard signé par Jérôme Garcin. J’aime aussi… « Vernon Subutex », de Virginie Despentes, le style est formidable !

Source de l’article: CanalDutch, http://canaldutch.com/, blog d’actu des Pays-Bas pour les Francophones.